jeudi 22 octobre 2009

Madoff, vraies et fausses victimes

L'affaire Madoff n'interesse plus, cela fait les affaires des spéculateurs qui captent la richesse aux dépends des petits...!

A noter mon groupe sur Facebook sur l'affaire Madoff...

















A lire dans Le Monde :














"Mais si, voyons, souvenez-vous : Bernard Madoff ! La plus vaste supercherie financière jamais conçue par un seul individu. C'était il y a moins d'un an. Or l'affaire paraît déjà enfouie aux Etats-Unis dans les remugles d'un passé ancien. Il semble ne plus intéresser personne. Aucun des dix ouvrages écrits sur le maître d'oeuvre de cette gigantesque escroquerie n'a fait la fortune de ses auteurs. Ce n'est pas faute d'avoir usé de titres plus "marketing" les uns que les autres : A l'intérieur du monde secret de Bernie et Ruth ; Catastrophe ; Trop beau pour être vrai. Essor et chute de Bernie Madoff ; Trahison ; Madoff et l'argent ; etc.












On n'oubliera pas L'Autre Secret de Madoff. L'argent, Bernie et moi. Une oeuvre d'une infinie délicatesse où la directrice financière d'Hadassah, l'organisation des femmes sionistes d'Amérique, raconte ses années de grande proximité avec le financier - elle fut sa maîtresse. Alors qu'elle et son époux ont beaucoup perdu dans la faillite de Madoff, Sheryl Weinstein explique rétroactivement la soif d'argent de son amant par la compensation que son escroquerie offrait à un homme bénéficiant, si l'on peut dire, d'un pénis de taille fort réduite. On a connu freudisme plus sophistiqué et vengeance plus élégante.
A la fin septembre, aucun de ces ouvrages n'avait passé la barre des 10 000 ventes - ce qui, dans un pays de 306 millions d'habitants, équivaut numériquement à 2 000 ventes en France. La majorité n'atteint pas les 5 000, Mme Weinstein péniblement 3 000. Certes, les Américains lisent relativement peu de livres, mais Madoff, depuis sa condamnation à 150 ans de prison, à la fin juin, ne fait plus recette. D'ailleurs, les articles concernant les suites de l'enquête sont relégués dans les pages intérieures des journaux.
Il y a pourtant encore tant à apprendre. C'est là peut-être l'aspect le plus étonnant de l'affaire : après dix ouvrages presque tous rédigés par des spécialistes de la finance, après des centaines d'articles de presse, des milliers de pages consacrées à Bernie, plus de 15 000 plaintes déposées, après son procès, on n'a toujours pas de réponse à nombre de questions essentielles. On ne sait pas quand l'arnaque a commencé ni la somme exacte que Bernard Madoff a "siphonnée". Surtout, rien n'est sûr du nombre des personnes impliquées dans l'arnaque ni à quel niveau.
A ce jour, seul Frank Di Pascali est passé à table. Celui qui avait la haute main sur les opérations fictives dont s'occupait le fameux 17e étage du siège de BMIS, la société de Bernard Madoff, plaide coupable : "Du début 1992 à fin 2008, je savais qu'aucune opération ne se faisait" avec les sommes déposées sur le fonds. Son témoignage est déterminant : il devrait aider à mettre au jour les méthodes utilisées par l'arnaqueur et les noms de ceux qui coopéraient activement avec lui. Depuis sa première déposition, beaucoup tremblent.
Après avoir déposé plainte contre Ruth, la femme de l'escroc, sur laquelle le procureur de New York enquête aujourd'hui, le syndic de faillite Irving Picard réclame 198,7 millions de dollars aux enfants des Madoff, Mark et Andrew, à son frère Peter et à sa nièce Shana. Tous travaillaient à des postes de responsabilité chez BMIS. Pour le moment, le procureur ne leur reproche pas d'avoir activement participé à l'arnaque, mais d'avoir sciemment fermé les yeux, tant elle leur rapportait gros.
Note amusante, Peter Madoff, qui clame n'avoir jamais rien su des forfaitures de son frère, possédait un compte sur lequel il avait placé en tout 32 146 dollars en trente ans, dont seulement 14 dollars entre 1995 et 2008. Mais il a pu retirer... 16,25 millions de dollars du même compte. M. Picard a constaté que, sur les deux dernières années, les membres de la famille Madoff avaient reçu 60 %, puis 70 %, de la totalité de l'argent déposé par des épargnants ou des investisseurs chez BMIS.
Ce n'est pas tout : la principale énigme consiste à savoir qui, en dehors des Madoff, a bénéficié de l'arnaque. Qui a récupéré ses avoirs placés chez BMIS avec leurs fabuleux vrais-faux intérêts avant l'effondrement du système. Qui, jusqu'au bout, a maintenu son compte mais a perçu en intérêts des sommes bien plus impressionnantes que celles initialement déposées. Et qui a réellement perdu sa fortune. M. Picard a ainsi déposé plainte pour connivence contre de grands investisseurs du fonds Madoff qui font partie des plaignants. L'un, Jeffry Picower, a fait son entrée dans le classement Forbes des personnes les plus riches (317e) grâce aux 950 % de retour sur investissements qu'il a réalisés chez BMIS. Le second, Stanley Chais, un investisseur californien qui servait à Madoff de "rabatteur", a fait plonger des célébrités d'Hollywood.
Au 11 décembre 2008, lorsque Bernie se rend à la police, son fonds recense 4 902 clients. Deux ans avant, il en détenait 13 000. Près des deux tiers ont eu le nez très creux et sont partis au bon moment. L'avocat du syndic de faillite, David Sheehan, assure que nombre des "victimes" autoproclamées de l'escroc ont en réalité largement profité de l'escroquerie. Il estime à "la moitié" seulement des ex-investisseurs de BMIS le nombre des victimes réelles. Le bureau du procureur de New York juge que les deux questions les plus "difficiles à vérifier" sont les suivantes : qui a été réellement une victime de Bernard Madoff et quelle est l'étendue des pertes de chacun ? Contrairement aux éditeurs, lui considère que la désaffection de l'opinion pour l'"affaire" fait plutôt la sienne, d'affaire."




Complément sur les Inrocks


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