dimanche 17 janvier 2010

L'urgence de refonder un Islam éclairé, à l'instar du Christianisme et du Judaïsme modernes.

Après avoir rappelé que les occidentaux ont largement encouragé les fanatiques religieux à compromettre le panarabisme grandissant... on peut souhaiter, dans le cadre des preceptes laïcs, que l'Islam trouve une place plus pacifique au sein des pays musulmans, à l'instar des autres religions. Education des peuples et courage des élites en seront la clé.

La majorité des peuples est pacifique. Les freins sont-ils politiques ?




"Manifeste Pour Un Islam Des Lumières - 27 Propositions Pour Réformer L'islam"
de Malek Chebel


Résumé :


Associer l'islam aux Lumières peut paraître ambitieux et téméraire. Il n'en est rien. Cette relation est inscrite dans la dynamique amorcée au XIXe siècle et poursuivie par les nombreux réformistes qui ont voulu changer le visage de cette religion en s'appuyant sur le travail de la raison. Ces penseurs ont été taxés d'hérésie. Aujourd'hui, le débat est plus que jamais d'actualité : l'islam est-il compatible avec la République ? Quelle est la place et le statut de la parole libre, de la laïcité, de l'égalité des sexes, de la tolérance ou de la démocratie ? Faut-il adapter l'islam à la modernité ou au contraire adapter la modernité à l'islam, ainsi que le prétendent les fondamentalistes ? En vingt-sept propositions, Malek Chebel répond à ces interrogations sans masquer les contradictions de l'islam ni éluder les questions difficiles. Interprétation des textes, guerre sainte et fetwa, statut de la femme, corruption, châtiments corporels, crime d'honneur et assassinat politique, démocratie, liberté d'expression et de conscience... tels sont quelques-uns des thèmes qu'aborde l'auteur de ce manifeste appelé à devenir la charte d'un islam nouveau. Malek Chebel se fait ici le théoricien de l' autre islam , un islam fondé sur le réel, dynamique et moderne, tolérant et positif, mais surtout capable de s'insérer dans le monde d'aujourd'hui et de demain.

A propos de l'auteur :


Malek Chebel, anthropologue, est l'un des meilleurs connaisseurs du monde arabe et de l'islam. Il a notamment publié le Dictionnaire des symboles musulmans (Albin Michel, 2003), Psychanalyse des Mille et Une Nuits (Payot, 2002), Le Sujet en Islam (Seuil, 2002) et le Dictionnaire amoureux de l'Islam (Plon, 2004).


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Interview de Abdelwahab Meddeb : Libérons l'Islam

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MODERNISER L'ISLAM, UN ENJEU POUR LA DIASPORA
Par Salman RUSHDIE


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Annexe : Interview d'un chiite modéré, favorable à un état laïque.

Et pour conclure, notre Regis Debray qui commente cette problématique.

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Veilleur.Blog.lemonde.fr :

Le Dr Tahir Al-Qadri (photo), érudit soufiste et influent spécialiste de la loi islamique, est sur le point de publier à Londres une fatwa contre le terrorisme et les attentats-suicides, rapporte aujourd’hui la BBC.


Les 600 pages de son avis juridique discréditent l’idéologie violente de l’organisation terroriste Al-Qaïda, décrite comme un « vieux démon avec un nouveau nom » qui n’a pas été suffisamment combattu. Dans sa fatwa, le Dr Qadri souligne que l’Islam interdit le massacre de citoyens innocents et les attentats-suicides.

De nombreux érudits ont émis des jugements similaires par le passé, mais le document imposant du Dr Qadri semble aller bien plus loin. A l’aide d’arguments théologiques, il démonte point par point la rhétorique utilisée par les recruteurs d’Al-Qaïda, s’opposant notamment aux promesses faites aux kamikazes à propos des récompenses accordées après la mort.

D’origine pakistanaise, âgé de 59 ans, le Dr Qadri a élaboré son texte l’an dernier en réponse au nombre croissant d’attentats à travers le Pakistan. Son organisation, Minhaj ul-Quran International, se chargera de défendre le document au Royaume-Uni, où elle compte quelque 5.000 membres.

Ancien ministre et collaborateur de la Premier ministre assassinée Benazir Bhutto, le Dr Qadri parcourt le monde pour promouvoir ces idées lors de conférences. Il avait été un des premiers leaders musulmans à condamner les attentats du 11 septembre 2001. Il s’est dit poussé à rédiger cette fatwa contre le terrorisme en constatant la radicalisation des musulmans britanniques sur les campus et le silence complice de nombre de leurs leaders. « Cette fatwa sème le doute dans l’esprit des kamikazes potentiels », a estimé Shahid Mursaleen, porte-parole britannique de Minhaj-ul-Quran. « Les groupes extrémistes basés en Grande-Bretagne recrutent les jeunes en leur faisant un lavage de cerveau, en leur garantissant “avec certitude” qu’ils seront récompensés dans l’au-delà. La fatwa du Dr Qadri enlève ce facteur-clé de leur esprit », a-t-il expliqué.

samedi 16 janvier 2010

Haïti : Chronique d’une catastrophe annoncée : homicide par inaction internationale ?





Alors que le Tsunami en Asie avait démontré l'indifférence des pays riches à prévenir les catastrophes dans les pays pauvres, équipant les cotes riches de dispositifs d'alerte, rien n'a changé.
Pour Haïti, c'est la même chose. C'était prévu, on a rien fait.
Le modèle démocratique actuel est donc discrédité. Une nouvelle éthique doit être incarnée par les prochains dirigeants mondiaux et français.


D'autant que le symbole est fort : à négliger les zones pauvres, les riches finissent par être inéluctablement touchés:  ici le palais présidentiel, là les occidentaux écrasés sous les décombres.




Le scénario était écrit dès 2008. «Toutes les conditions sont réunies pour qu’un séisme majeur se produise à Port-au-Prince. Les habitants de la capitale
haïtienne doivent s’y préparer. Cette catastrophe finira, tôt ou tard, par arriver.» Cette mise en garde de Patrick Charles, 65 ans, ancien professeur à l’Institut de géologie appliquée à La Havane, date d’il y a un an et demi.
Dans une interview accordée au quotidien haïtien Le Matin, le scientifique avait prédit le tremblement de terre qui s’est produit mardi. «L’imminence du danger se précise», avait-il expliqué, en appelant à «agir pour sauver ce qui peut encore l’être».
Construite sur une faille
«Port-au-Prince est construite sur une grande faille qui part de Pétion-Ville, traverse toute la presqu’île du sud pour aboutir à Tiburon. En 1751 et en 1771, cette ville a été totalement détruite par un séisme. Je parie mes yeux que cela se reproduira. La science peut aisément le confirmer.»
Même son de cloche du côté du Bureau des mines et de l’energie (BME), qui dépend du Ministère des travaux publics de Haïti. «Durant deux siècles, aucun séisme majeur n’a été enregistré dans la capitale haïtienne. La quantité accumulée entre les failles nous fait courir le risque d’un séisme de 7,2 d’amplitude sur l’échelle de Richter. Mieux vaut ne pas en parler, il ne faut pas paniquer. Mais ce serait une catastrophe», avait admis à la même époque Dieuseul Anglade, le responsable du BME.
Aucune politique de prévention
Le gouvernement haïtien était donc informé du risque sismique depuis des années. Mais, comme le plus souvent dans les pays pauvres, aucune politique de prévention susceptible de limiter les dégâts n’a été mise en place.
Cependant, le manque de constructions antisismiques et l’absence de préparation de la population ne suffisent pas à expliquer l’ampleur des dégâts. Selon Yann Klinger, un spécialiste de tectonique des plaques à l’Institut de physique du globe de Paris (IPG), interrogé par l’AFP, l’effet dévastateur de ce séisme s’explique par le fait qu’il s’est produit près de la surface, à environ 10 km de profondeur sous la croûte terrestre.
«C’est un séisme lié à une faille en décrochement qui génère un mouvement horizontal. Il s’est produit à la limite nord de la plaque Antilles par rapport à la plaque nord-américaine.» Cette faille était connue, elle était cartographiée, a-t-il confirmé à son tour.
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«Cette fois, les élites aussi sont touchées!»
Au moins cette fois-ci, note Jean-Edouard Rigaud, il faudra bien que les autorités prennent au sérieux les problèmes. D’habitude, ce sont les pauvres en province qui sont frappés par les catastrophes. Là, c’est aussi la capitale et ses élites. Même le palais présidentiel a été touché. Et il est quatre fois plus grand que la Maison-Blanche!» Tout un symbole.

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Mon commentaire : 


Pendant ce temps là l'argent coule à flots. Certains humains valent beaucoup plus que d'autres...


http://www.facebook.com/photo.php?pid=3955484&id=702736959


"La valeur des actifs de Clearstream conservés en dépôt pour la clientèle a progressé de 5 % à 10.700 milliards d'euros en décembre. L’année a également été marquée pour la chambre de compensation par une baisse de 1 % des transactions de dénouement internationales."


mercredi 13 janvier 2010

"Eloge de la métamorphose, par Edgar Morin"




La hauteur de vue d'un philosophe qu'on aime entendre...


"Le Monde" : "Eloge de la métamorphose, par Edgar Morin."


Quand un système est incapable de traiter ses problèmes vitaux, il se dégrade, se désintègre ou alors il est capable de susciter un meta-système à même de traiter ses problèmes : il se métamorphose. Le système Terre est incapable de s'organiser pour traiter ses problèmes vitaux : périls nucléaires qui s'aggravent avec la dissémination et peut-être la privatisation de l'arme atomique ; dégradation de la biosphère ; économie mondiale sans vraie régulation ; retour des famines ; conflits ethno-politico-religieux tendant à se développer en guerres de civilisation.



Le probable est la désintégration. L'improbable mais possible est la métamorphose. Qu'est-ce qu'une métamorphose ? Nous en voyons d'innombrables exemples dans le règne animal. La chenille qui s'enferme dans une chrysalide commence alors un processus à la fois d'autodestruction et d'autoreconstruction, selon une organisation et une forme de papillon, autre que la chenille, tout en demeurant le même. La naissance de la vie peut être conçue comme la métamorphose d'une organisation physico-chimique, qui, arrivée à un point de saturation, a créé la méta-organisation vivante, laquelle, tout en comportant les mêmes constituants physico-chimiques, a produit des qualités nouvelles.



La formation des sociétés historiques, au Moyen-Orient, en Inde, en Chine, au Mexique, au Pérou constitue une métamorphose à partir d'un agrégat de sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs, qui a produit les villes, l'Etat, les classes sociales, la spécialisation du travail, les grandes religions, l'architecture, les arts, la littérature, la philosophie. Et cela aussi pour le pire : la guerre, l'esclavage. A partir du XXIe siècle se pose le problème de la métamorphose des sociétés historiques en une société-monde d'un type nouveau, qui engloberait les Etats-nations sans les supprimer. Car la poursuite de l'histoire, c'est-à-dire des guerres, par des Etats disposant des armes d'anéantissement, conduit à la quasi-destruction de l'humanité. Alors que, pour Fukuyama, les capacités créatrices de l'évolution humaine sont épuisées avec la démocratie représentative et l'économie libérale, nous devons penser qu'au contraire c'est l'histoire qui est épuisée et non les capacités créatrices de l'humanité.



L'idée de métamorphose, plus riche que l'idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l'héritage des cultures). Pour aller vers la métamorphose, comment changer de voie ? Mais s'il semble possible d'en corriger certains maux, il est impossible de même freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planète aux désastres. Et pourtant l'Histoire humaine a souvent changé de voie. Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains. Ainsi ont commencé les grandes religions : bouddhisme, christianisme, islam. Le capitalisme se développa en parasite des sociétés féodales pour finalement prendre son essor et, avec l'aide des royautés, les désintégrer.



La science moderne s'est formée à partir de quelques esprits déviants dispersés, Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses réseaux et ses associations, s'introduisit dans les universités au XIXe siècle, puis au XXe siècle dans les économies et les Etats pour devenir l'un des quatre puissants moteurs du vaisseau spatial Terre. Le socialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIXe siècle pour devenir une formidable force historique au XXe. Aujourd'hui, tout est à repenser. Tout est à recommencer.



Tout en fait a recommencé, mais sans qu'on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, marginaux, dispersés. Car il existe déjà, sur tous les continents, un bouillonnement créatif, une multitude d'initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie.



Ces initiatives ne se connaissent pas les unes les autres, nulle administration ne les dénombre, nul parti n'en prend connaissance. Mais elles sont le vivier du futur. Il s'agit de les reconnaître, de les recenser, de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de chemins réformateurs. Ce sont ces voies multiples qui pourront, en se développant conjointement, se conjuguer pour former la voie nouvelle, laquelle nous mènerait vers l'encore invisible et inconcevable métamorphose. Pour élaborer les voies qui se rejoindront dans la Voie, il nous faut nous dégager d'alternatives bornées, auxquelles nous contraint le monde de connaissance et de pensée hégémoniques. Ainsi il faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et envelopper.



L'orientation mondialisation/démon-dialisation signifie que, s'il faut multiplier les processus de communication et de planétarisation culturelles, s'il faut que se constitue une conscience de "Terre-patrie", il faut aussi promouvoir, de façon démondialisante, l'alimentation de proximité, les artisanats de proximité, les commerces de proximité, le maraîchage périurbain, les communautés locales et régionales.



L'orientation "croissance/décroissan-ce" signifie qu'il faut faire croître les services, les énergies vertes, les transports publics, l'économie plurielle dont l'économie sociale et solidaire, les aménagements d'humanisation des mégapoles, les agricultures et élevages fermiers et biologiques, mais décroître les intoxications consommationnistes, la nourriture industrialisée, la production d'objets jetables et non réparables, le trafic automobile, le trafic camion (au profit du ferroutage).



L'orientation développement/envelop-pement signifie que l'objectif n'est plus fondamentalement le développement des biens matériels, de l'efficacité, de la rentabilité, du calculable, il est aussi le retour de chacun sur ses besoins intérieurs, le grand retour à la vie intérieure et au primat de la compréhension d'autrui, de l'amour et de l'amitié.




1. Le surgissement de l'improbable. Ainsi la résistance victorieuse par deux fois de la petite Athènes à la formidable puissance perse, cinq siècles avant notre ère, fut hautement improbable et permit la naissance de la démocratie et celle de la philosophie. De même fut inattendue la congélation de l'offensive allemande devant Moscou en automne 1941, puis improbable la contre-offensive victorieuse de Joukov commencée le 5 décembre, et suivie le 8 décembre par l'attaque de Pearl Harbor qui fit entrer les Etats-Unis dans la guerre mondiale.



2. Les vertus génératrices/créatrices inhérentes à l'humanité. De même qu'il existe dans tout organisme humain adulte des cellules souches dotées des aptitudes polyvalentes (totipotentes) propres aux cellules embryonnaires, mais inactivées, de même il existe en tout être humain, en toute société humaine des vertus régénératrices, génératrices, créatrices à l'état dormant ou inhibé.



3. Les vertus de la crise. En même temps que des forces régressives ou désintégratrices, les forces génératrices créatrices s'éveillent dans la crise planétaire de l'humanité.



4. Ce à quoi se combinent les vertus du péril : "Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve." La chance suprême est inséparable du risque suprême.



5. L'aspiration multimillénaire de l'humanité à l'harmonie (paradis, puis utopies, puis idéologies libertaire /socialiste/communiste, puis aspirations et révoltes juvéniles des années 1960). Cette aspiration renaît dans le grouillement des initiatives multiples et dispersées qui pourront nourrir les voies réformatrices, vouées à se rejoindre dans la voie nouvelle.















L'espérance était morte. Les vieilles générations sont désabusées des faux espoirs. Les jeunes générations se désolent qu'il n'y ait plus de cause comme celle de notre résistance durant la seconde guerre mondiale. Mais notre cause portait en elle-même son contraire. Comme disait Vassili Grossman de Stalingrad, la plus grande victoire de l'humanité était en même temps sa plus grande défaite, puisque le totalitarisme stalinien en sortait vainqueur. La victoire des démocraties rétablissait du même coup leur colonialisme. Aujourd'hui, la cause est sans équivoque, sublime : il s'agit de sauver l'humanité.



L'espérance vraie sait qu'elle n'est pas certitude. C'est l'espérance non pas au meilleur des mondes, mais en un monde meilleur. L'origine est devant nous, disait Heidegger. La métamorphose serait effectivement une nouvelle origine.





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Sociologue et philosophe. Né en 1921, est directeur de recherches émérite au CNRS, président de l'Agence européenne pour la culture (Unesco) et président de l'Association pour la pensée complexe. En 2009, iI a notamment publié "Edwige, l'inséparable" (Fayard). A lire également, "La Pensée tourbillonnaire - Introduction à la pensée d'", de Jean Tellez (éditions Germina)

"Quand Sarkozy tutoie les morts, les hyènes rigolent sur les terres Tunisiennes"


Quand enfin quelqu'un dit tout haut...

Le Monde :

Identités, pluralités, choucroutes ! aurait dit Jean Yanne.

Que les fondamentalistes me pardonnent, mais la récupération de la mort de Philippe Seguin par N.Sarkozy est une indécence, la pire puisqu'elle touche à la mort et donc à la vie d'un homme qui semble n'avoir jamais transigé avec ses convictions.

N.Sarkozy s'est accaparé hier, par le biais d'un hommage national et d'un tutoiement fraternel, tous les combats, mais aussi d'une façon plus ou moins subliminale, des racines sous-tendues : Maghreb, immigration, valeur du travail, constance, probité, convictions, que Ph. Seguin portait avec panache, par son histoire personnelle.















Dans l'hommage rendu à Ph. Seguin, l'émotion semblait là, présente, palpable dans la cathédrale des Invalides. Giscard, Chirac, Fillon, les anciens et ceux d'aujourd'hui, emmitouflés, le nez rouge de froid et le regard grave devant cette mort improbable, 66 ans à peine, qui les renvoyait à leur propre finitude, et peut être au doute, l'espace d'une messe, l'inutilité de certains combats, le regret de certains autres, la vie qui s'échappe alors que, croyaient-ils, l'immortalité les portait.



Cette vision d'un élan rompu les ramenait à la réalité d'artères et viscères peu glorieux et certains ont dû se demander dans l'intimité de leur conscience face à Lui dont l'écoute divine ne circule pas sur des CD compromettants « A quand mon tour et ai-je bien tout fait ? Pour les miens, ma famille, mes engagements ?

Qu'en serait-il du débat d'identité nationale, des fractures sociales et de l'immigration s'est peut-être demandé Chirac, si j'avais choisi le bien des Français et de la Nation, plutôt que ma carrière politique ? Si j'avais soutenu Chaban au lieu de Giscard ? Et le petit Sarko ? Est -ce bien de moi qu'il a appris à faire feux de tous bois au point de tutoyer les morts pour des récups électorales ?



Quand Sarkozy tutoie les morts, les hyènes et les chacals rigolent sur les terres Tunisiennes.



Beaucoup de bulles pas très chrétiennes s'élevaient donc des visages impavides de nos grands de la République.

« Toute la République » déclama N.Sarkozy dans ce tutoiement fraternel qui le pérennisait comme frère.

« Toute la république assemblée en ce lieu, hors clivages, clans et idéologies pour un hommage unanime à un homme qui ne transigea jamais avec ses idées. Qui préféra ne pas avoir plutôt qu'avoir dans le compromis... ».



Bel hommage à un homme méritant, mais que dans l'instant même du discours, Sarkozy spoliait, utilisait, manipulait sans vergogne et avec l'assentiment de l'assemblée présente, mais aussi des médias qui s'y trouvaient, particulièrement France 2, dont la journaliste sur le terrain ne cessait de répéter « Toute la république est là, au-dessus des idéaux personnels, toute la République pour un hommage commun, toute la République... »



Alors j'ai cherché « la communauté républicaine » ce qui était du « hors clivages » et je n'ai rien trouvé. Qu'une droite austère et au garde-à-vous, consciente de ce qui se jouait politiquement sous leurs yeux, au cœur du sanctuaire.

Aucun responsable politique de gauche ou centre gauche, même pas le Modem, n'était présent dans la cathédrale pour ce dernier hommage qu'on clamait élargi et communautaire.

Aucune personnalité politique de gauche pour saluer l'engagement d'un homme dans lequel chaque homme politique pouvait reconnaître la valeur des combats, même opposés.



Des lieux saints pour des incantations de veau d'or



L'hommage dédié à Ph. Seguin n'aura donc été qu'un monologue incantatoire perpétré par un président de la République désireux de s'approprier les valeurs personnelles du défunt à des fins de « meeting et campagne présidentielle ».

Redorer son blason, remonter dans les sondages, reformer les légions, resserrer les rangs et maîtriser la meute. Point Barre.



2012 c'est hier, et N.Sarkozy que son institutrice de maternelle décrivait déjà comme un enfant accroché à ses basques et prêt à se coller au plus fort, elle en l'occurrence, semble n'avoir jamais eu peur des trahisons et des compromis, son parcours politique le montre, mais on aurait eu envie qu'une fois, une fois visiblement et dans un moment aussi solennel, il accédât à l'âme et à la générosité, au don. À la probité.



Il n'a même pas hésité, cette fois encore, sous les cintres sacrés, à s'approprier les beaux mots que Ségolène Royal, envers et contre tous (vous avez raison Léon-Marc) a relevé au rang de principes fondateurs « fraternité » mais égalité et liberté aussi.



Pourtant aussi loin que vont mon agacement et ma désespérance pour le politique dont la présidence tient davantage de l'illusionnisme que de la compétence, je reste compatissante pour le petit enfant qu'il est resté. Qui n'a toujours pas compris que subtiliser et porter le manteau des autres, ne lui apportera ni grandeur, ni prestance ; que plus le manteau sera grand, plus il semblera petit, la source de toutes ses peines et de ses délires de puissance.

Qu'ainsi que l'écrit Khalil Gibran « Les piliers qui soutiennent le temple se dressent séparés. Et le chêne ne s'élève point dans l'ombre du cyprès. »




Mon commentaire :


Alors que les hypocrites s'en donnent à coeur joie dans un concert de louange, l'émotion liée à son décès nécessitera un peu de temps pour faire la part entre l'homme courageux et sensible ayant défendu des valeurs sociales, et le complice des individus très peu recommandables aux yeux d'un républicain authentique. (M. Pasqua et De Villiers)


La fin du souverainisme ne justifie pas une alliance avec le diable.


Quand à la réforme des cours des comptes régionales, on attend toujours une explication
à propos du suivisme  du premier président avec le président de la République (pour mémoire, l'interview de 2009, et l'article suivant plus récent)

vendredi 8 janvier 2010

Notre nouvelle association : In Vivo !


Nous créons une nouvelle association : "In Vivo"
Venez voir le site http://www.invivo-asso.fr
et rejoignez-nous !



mercredi 6 janvier 2010

Arnaud-Fleurent Didier, nouveau talent ?

Envoutant, intelligent, doté d'une orchestration élégante à la Gainsbourg, un chanteur prometteur ?


Jolie prestation dans l'émission de Taddéi


Critique French touch

Clip Youtube, Facebook

Manifeste pour les produits de "Haute nécessité"

Outre ces subtilités du décodage du langage manipulé
ce blog comporte quelques articles engagés



A lire en ces temps de pouvoir d'achat menacé ?

A propos de L'intraitable beauté du monde : interview