dimanche 22 août 2010
Passionnant : toute l'histoire de France en MP3
Pas le temps de lire l'Histoire de France ?
Courez télécharger une version en Audio en mp3 ! Bon ok, la lectrice à pris du valium et l'auteur était à l'Action francaise, mais ca n'enlève pas l'aspect passionnant du récit !
Cette version gratuite, lue à haute voix (par une amatrice, dommage...) à partir de l'oeuvre de Jacques Bainville est particulièrement passionnante ! axée sur les aspects politiques, elle est particulièrement éclairante sur la nature de notre civilisation et permet de mieux comprendre le monde d'aujourd'hui ! indispensable !
Et de quoi adorer les embouteillages !
Et regardez donc tous les autres auteurs disponibles à télécharger ! la culture à portée... d'oreille !
samedi 14 août 2010
samedi 26 juin 2010
Théatre à Boulogne Billancourt : "Les cancans" de Goldoni à partir du 24 septembre 2010
Prochaines dates pour la représentation de la troupe Scene 92 :
Les vendredi 24, samedi 25 septembre à 20h30 et dimanche 26 septembre à 15h à l'Espace Landowski de Boulogne (92) pour la pièce de l'année :
"Les cancans" de Goldoni
Le tarif est indicatif car on donne ce que l'on veut : c'est "au chapeau" pour une bonne oeuvre pour l'Afrique.
Pour avertir de sa présence : l'évènement Facebook ici.
Pour réserver sa place : le numéro de GSM mentionné ou sur TicketRéduc
Les photos de la grande tournée mondiale ! (procédé : amusez vous)
dimanche 20 juin 2010
Ivan Illitch, un penseur à découvrir
Introduit en France par André Gorz, Ivan Illitch gagne à être connu.
Pour en savoir plus : lire sa fiche sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ivan_Illich
Extrait :
"Penseur de l'écologie politique, il lutta contre le système automobile et tous les moyens de transports trop rapides qu'il jugeait aliénants et illusoires. Il avait par exemple calculé qu'en prenant en compte le temps moyen passé à travailler pour acquérir une automobile et faire face aux frais qui y sont liés et non seulement le temps passé à conduire celle-ci, la vitesse du bolide était de 6 km/h. En effet, un Américain consacrait en moyenne, durant les années 1970, 1 600 heures par an pour sa voiture et ne parcourait que 10 000 kilomètres durant l'année [3]. Illich était aussi contre nos systèmes de santé et l'école obligatoire, qu'il considérait comme outils non-conviviaux.
La convivialité
Il travailla à créer des pistes vers d'autres possibilités, qui s'expriment selon lui par un retour à des outils conviviaux, qu'il oppose aux machines. L'outil accepte plusieurs utilisations, parfois détournées du sens original, et permet donc l'expression libre de celui qui l'utilise. Avec une machine, l'homme devient serviteur, son rôle se limitant désormais à faire fonctionner une machine construite dans un but précis[4].
On peut avoir une idée de la convivialité chez Illich avec la relation autonomie et hétéronomie reliée aux valeurs d'usage et d'échange marxiennes et à l'idée d'union-au-monde d'Erich Fromm."
mardi 15 juin 2010
"La Communication Non Violente" : une révolution dans la communication humaine ?
Alors que les individus et les sociétés humaines sont souvent au bord du suicide partout dans le monde, une lueur apparait :
une révolution intérieure promettant la diminution des conflits humains, guerres et souffrances, à l'échelle individuelle ou collective.
Son nom ? la Communication Non Violente (CNV).
Parfois violente paradoxalement..., elle est simple à comprendre, mais un réel défi dans sa mise en application, elle est comme une évidence côtoyée depuis une éternité (de Gandhi au feuilleton de Kung Fu (à télécharger pour les nostalgiques et les jeunes en mal de serie un peu plus spirituelle !))
Pour cela une conférence particulièrement passionnante permet d'obtenir les premières clés du miracle que représente cette révolution : remettre en question nos modes de communication pour un effet levier maximal.
Vous êtes curieux ? vous ne serez pas déçus :
Voici la conférence audio du célèbre Marshall B. Rosenberg.
Lien 1/2: (1 heure environ)
https://share.orange.fr/#a7tk3ukvs22c49d14b24
Lien 2/2: (1 heure environ)
Mode opératoire pour télécharger chaque fichier MP3 de ~50 Mo : cocher et télécharger.
Et hop ! 2 fois 1h à transférer sur son lecteur MP3 pour une écoute bien plaisante et accessible !
Cette pratique est comme une évidence côtoyée depuis une éternité (de Gandhi au feuilleton de Kung Fu avec David Karadine...)
_______________________________________
"Les mots sont des fenêtres" de Marshall B. Rosenberg
"Cessez D'être Gentil, Soyez Vrai ! Etre Avec Les Autres En Restant Soi-Même" de Thomas D'Ansembourg
"Puni par la récompense" publié en anglais :
"Punished by Rewards: The Trouble With Gold Stars, Incentive Plans, As, Praise, and Other Bribes
de Alfie Kohn"
_____________________________________
Liens :
Psychologie magazine : Tout conflit peut se transformer en un dialogue paisible
http://bienveillance.canalblog.com/
http://www.nonviolentcommunication.com/freeresources/article_archive_mr.htm
http://nvc-europe.org/SPIP/
Behavior
CNV
Video Rosenberg : http://www.youtube.com/watch?v=-dpk5Z7GIFs&feature=related
Video TV Belge : http://www.youtube.com/watch?v=V8Pipd7jXz4&feature=player_embedded
Groupe Facebook
Méthode Espere de Jacques Salomé.
http://www.journeedelanonviolence.org/
Mode opératoire pour télécharger chaque fichier MP3 de ~50 Mo : cocher et télécharger.
Et hop ! 2 fois 1h à transférer sur son lecteur MP3 pour une écoute bien plaisante et accessible !
Cette pratique est comme une évidence côtoyée depuis une éternité (de Gandhi au feuilleton de Kung Fu avec David Karadine...)
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Bibliographie :
"Les mots sont des fenêtres" de Marshall B. Rosenberg
"Puni par la récompense" publié en anglais :
"Punished by Rewards: The Trouble With Gold Stars, Incentive Plans, As, Praise, and Other Bribes
de Alfie Kohn"
_____________________________________
Liens :
Psychologie magazine : Tout conflit peut se transformer en un dialogue paisible
http://bienveillance.canalblog.com/
http://www.nonviolentcommunication.com/freeresources/article_archive_mr.htm
http://nvc-europe.org/SPIP/
Behavior
CNV
Video Rosenberg : http://www.youtube.com/watch?v=-dpk5Z7GIFs&feature=related
Video TV Belge : http://www.youtube.com/watch?v=V8Pipd7jXz4&feature=player_embedded
Groupe Facebook
Méthode Espere de Jacques Salomé.
http://www.journeedelanonviolence.org/
Libellés :
CNV,
Communication Non Violente,
espere,
Rosenberg,
violence
"Retraites : un fardeau vraiment insurmontable ?"
La question de la compétitivité française est avancée par les "réformistes" pour convaincre de l'urgence d'une réforme financée par les francais.
D'autres en doutent : ci dessous une pièce au dossier ?
Reste à savoir si d'autres solutions ne sont pas à trouver ailleurs :
- dans un rapport à l'autre qui romp l'individualisme vis à vis des personnes agées ? toutes les richesses sont-elles forcément monétisables ? comment créer de la richesse à budget constant ? la mutualisation ? le lien social etc... ?
- avec comme pré-requis des progrès sur le taux d'emploi des +55 ans et du tutorat ?
Le Monde par Maxime Haubert, Sociologue, professeur d'université
13.06.10
Dans le débat sur les retraites, le problème est habituellement présenté de façon telle qu’il paraît se résoudre en un conflit entre les générations d’actifs cotisants et les générations de retraités pour le partage d’un montant donné de Revenu national : avec le vieillissement de la population, la diminution du rapport entre cotisants et retraités approfondirait le déficit du système de retraite et il ne tarderait pas à devenir abyssal. Selon la façon dont il sera pris en charge, on aboutirait donc nécessairement à un appauvrissement soit des cotisants, soit des retraités, soit de ces deux groupes à la fois.
Sur le même sujet
Valeurs culturelles Poésie urgente !
Coupe du Monde 2010 L'enfant de Soweto...
Réforme des retraites Les retraites, un fardeau vraiment insupportable?
Reportons-nous toutefois au dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (C.O.R.). Selon les hypothèses retenues, si pour équilibrer les comptes on ne touchait ni au rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen d’activité, ni à l’âge effectif moyen de départ à la retraite, alors le seul moyen serait d’accroître le niveau des ressources, c’est-à-dire le taux de prélèvement sur les rémunérations. La part des prélèvements pour la retraite dans le Produit intérieur brut passerait ainsi de 12,8 % en 2008 à environ 15 % dans quarante ans. En serions-nous pour autant irrémédiablement appauvris ? Mais non ! Nous serons en fait beaucoup plus riches, puisque dans le même temps le P.I.B. aura été au moins multiplié par deux : avec un revenu doublé, une augmentation de 2,2 points du taux de prélèvement est-elle vraiment si effroyable et insupportable ?
Mais présentons les choses d’une autre façon, qui sera peut-être un peu plus parlante : quelles seraient les conditions pour qu’en 2050, malgré les évolutions démographiques, ni les actifs cotisants ni les retraités ne soient appauvris, c’est-à-dire disposent alors du même revenu moyen réel (en € 2008) qu’actuellement ? Un calcul très simple à partir des chiffres du C.O.R. montre que pour cela il suffirait que la productivité moyenne du travail augmente de 0,34 % en rythme annuel. Or, de 1980 à 2007, elle a augmenté en moyenne de 2,3 % par an (même si ce taux a connu depuis 2002 une chute assez importante) ; et, dans son scénario le plus pessimiste, le C.O.R. table à l’horizon 2050 sur un taux d’accroissement de 1,5 %, c'est-à-dire tout de même plus de quatre fois supérieur à celui qui serait nécessaire pour maintenir le niveau de vie à la fois des cotisants et des retraités dont ils « financent les pensions » (une formulation qui occulte le fait qu’ils ne le font qu’à partir du capital matériel et immatériel accumulé par les générations antérieures)…
Le discours alarmiste fait donc plus ou moins sciemment l’impasse sur les ressources considérables que vont procurer dans les prochaines décennies les accroissements de productivité. Et la vraie question n’est pas démographique, ni économique, ni financière, mais éminemment politique : comment allons-nous décider collectivement d’utiliser ces ressources ? Pour multiplier nos dépenses en jeux vidéo, en systèmes GPS pour trouver « la porte au fond du couloir à gauche », en bagnoles et autoroutes, en pétrole et marées noires, en armes de plus en plus sophistiquées, etc. (en caricaturant un peu)? Ou bien pour développer les dépenses à caractère « social » (santé, éducation, culture, etc.) ? Nous savons tous que notre niveau de vie actuel tient en grande partie au fait que la part de ces dépenses dans le revenu s’est constamment accrue à mesure que celui-ci augmentait. Pourquoi le financement du système de retraite devrait-il faire exception ?
D'autres en doutent : ci dessous une pièce au dossier ?
Reste à savoir si d'autres solutions ne sont pas à trouver ailleurs :
- dans un rapport à l'autre qui romp l'individualisme vis à vis des personnes agées ? toutes les richesses sont-elles forcément monétisables ? comment créer de la richesse à budget constant ? la mutualisation ? le lien social etc... ?
- avec comme pré-requis des progrès sur le taux d'emploi des +55 ans et du tutorat ?
Le Monde par Maxime Haubert, Sociologue, professeur d'université
13.06.10
Dans le débat sur les retraites, le problème est habituellement présenté de façon telle qu’il paraît se résoudre en un conflit entre les générations d’actifs cotisants et les générations de retraités pour le partage d’un montant donné de Revenu national : avec le vieillissement de la population, la diminution du rapport entre cotisants et retraités approfondirait le déficit du système de retraite et il ne tarderait pas à devenir abyssal. Selon la façon dont il sera pris en charge, on aboutirait donc nécessairement à un appauvrissement soit des cotisants, soit des retraités, soit de ces deux groupes à la fois.
Sur le même sujet
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Coupe du Monde 2010 L'enfant de Soweto...
Réforme des retraites Les retraites, un fardeau vraiment insupportable?
Reportons-nous toutefois au dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (C.O.R.). Selon les hypothèses retenues, si pour équilibrer les comptes on ne touchait ni au rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen d’activité, ni à l’âge effectif moyen de départ à la retraite, alors le seul moyen serait d’accroître le niveau des ressources, c’est-à-dire le taux de prélèvement sur les rémunérations. La part des prélèvements pour la retraite dans le Produit intérieur brut passerait ainsi de 12,8 % en 2008 à environ 15 % dans quarante ans. En serions-nous pour autant irrémédiablement appauvris ? Mais non ! Nous serons en fait beaucoup plus riches, puisque dans le même temps le P.I.B. aura été au moins multiplié par deux : avec un revenu doublé, une augmentation de 2,2 points du taux de prélèvement est-elle vraiment si effroyable et insupportable ?
Mais présentons les choses d’une autre façon, qui sera peut-être un peu plus parlante : quelles seraient les conditions pour qu’en 2050, malgré les évolutions démographiques, ni les actifs cotisants ni les retraités ne soient appauvris, c’est-à-dire disposent alors du même revenu moyen réel (en € 2008) qu’actuellement ? Un calcul très simple à partir des chiffres du C.O.R. montre que pour cela il suffirait que la productivité moyenne du travail augmente de 0,34 % en rythme annuel. Or, de 1980 à 2007, elle a augmenté en moyenne de 2,3 % par an (même si ce taux a connu depuis 2002 une chute assez importante) ; et, dans son scénario le plus pessimiste, le C.O.R. table à l’horizon 2050 sur un taux d’accroissement de 1,5 %, c'est-à-dire tout de même plus de quatre fois supérieur à celui qui serait nécessaire pour maintenir le niveau de vie à la fois des cotisants et des retraités dont ils « financent les pensions » (une formulation qui occulte le fait qu’ils ne le font qu’à partir du capital matériel et immatériel accumulé par les générations antérieures)…
Le discours alarmiste fait donc plus ou moins sciemment l’impasse sur les ressources considérables que vont procurer dans les prochaines décennies les accroissements de productivité. Et la vraie question n’est pas démographique, ni économique, ni financière, mais éminemment politique : comment allons-nous décider collectivement d’utiliser ces ressources ? Pour multiplier nos dépenses en jeux vidéo, en systèmes GPS pour trouver « la porte au fond du couloir à gauche », en bagnoles et autoroutes, en pétrole et marées noires, en armes de plus en plus sophistiquées, etc. (en caricaturant un peu)? Ou bien pour développer les dépenses à caractère « social » (santé, éducation, culture, etc.) ? Nous savons tous que notre niveau de vie actuel tient en grande partie au fait que la part de ces dépenses dans le revenu s’est constamment accrue à mesure que celui-ci augmentait. Pourquoi le financement du système de retraite devrait-il faire exception ?
mardi 8 juin 2010
Le reférendum Européen : avec le recul : aurait-on du voter différemment ?
Pour les partisants du NON, l'Europe s'en est-elle remise ? le bilan est-il si positif, alors que sa stagnation laisse un gout amer sur le temps perdu, faute d'intégration politique ?
Pour les partisants du OUI, la concurrence libre et non faussée est-elle un horizon indépassable ?
A méditer...?
Libellés :
constitution européenne,
référendum européen
Pure fiction
"La méthode la plus efficace et prudente pour comprendre le monde qui nous entoure est de considérer qu'il est pure fiction."
J.C. Ballard
Si les effets de la "crise" se font bien sentir, on peut douter de son caractère fortuit et conjoncturel.
Il semble plutot qu'il faille considérer que la sauvagerie économique soit un état consubstanciel du capitalisme néo-libéral. Les cycles servent à redistribuer les cartes au profit des puissants, seuls capables de s'organiser et de prévoir les périodes de replis.
La théorie de la "stratégie du choc" y contribue.
La "vérité" qu'on nous sert dans les médias est nécessaire au maintien du systeme en l'état.
“You may think you know what you’re dealing with, but, believe me, you don’t.”
Mais de plus en plus de citoyens prennent conscience de la supercherie. Et veulent agir.
J'en veux pour preuve la mobilisation en Europe contre les politiques de rigueur (Grèce, Espagne, Allemagne, France,...)
Mais la majorité du peuple n'a pas le temps pour réfléchir par soi même.
On délègue aux journalistes le soin de nous servir du "prêt à penser".
Et les stades de foot sont pleins; la télé nous hypnotise,
Et "travailler plus pour gagner plus" empeche de prendre du recul.
C'est pourquoi chacun devrait à mon avis s'investir un peu dans la Politique afin d'éviter que d'autres ne pensent/décident à notre place.
"La seule chose qui permet au mal de triompher
est l'inaction des hommes de bien."
(Edmund Burke 1729 - 1797)
Référence au blog : http://bretteleblog.blogspot.com/search/label/crises
J.C. Ballard
Si les effets de la "crise" se font bien sentir, on peut douter de son caractère fortuit et conjoncturel.
Il semble plutot qu'il faille considérer que la sauvagerie économique soit un état consubstanciel du capitalisme néo-libéral. Les cycles servent à redistribuer les cartes au profit des puissants, seuls capables de s'organiser et de prévoir les périodes de replis.
La théorie de la "stratégie du choc" y contribue.
La "vérité" qu'on nous sert dans les médias est nécessaire au maintien du systeme en l'état.
“You may think you know what you’re dealing with, but, believe me, you don’t.”
Mais de plus en plus de citoyens prennent conscience de la supercherie. Et veulent agir.
J'en veux pour preuve la mobilisation en Europe contre les politiques de rigueur (Grèce, Espagne, Allemagne, France,...)
Mais la majorité du peuple n'a pas le temps pour réfléchir par soi même.
On délègue aux journalistes le soin de nous servir du "prêt à penser".
Et les stades de foot sont pleins; la télé nous hypnotise,
Et "travailler plus pour gagner plus" empeche de prendre du recul.
C'est pourquoi chacun devrait à mon avis s'investir un peu dans la Politique afin d'éviter que d'autres ne pensent/décident à notre place.
"La seule chose qui permet au mal de triompher
est l'inaction des hommes de bien."
(Edmund Burke 1729 - 1797)
Référence au blog : http://bretteleblog.blogspot.com/search/label/crises
dimanche 23 mai 2010
dimanche 9 mai 2010
samedi 1 mai 2010
France 5 : "Un monde sans fous ?"
Un reportage de France 5 qui dénonce la politique archïque et criminelle de nos gouvernants :
Quelle place notre société réserve-t-elle à la maladie mentale ? Services de psychiatrie, rues, prisons… ce documentaire, diffusé dans Le Monde en face, arpente les lieux où échoue la folie pour y interroger ceux qui la vivent et ceux qui y sont confrontés. De l'enfermement aux soins au long cours, il évalue chaque réponse sur fond de réforme gouvernementale de la psychiatrie publique.
La psychiatrie publique n'est pas engoncée dans une camisole de force. Ses frontières bougent. Il y a cinquante ans, elle a ouvert la porte des asiles pour installer le soin psychique au plus près des patients. Le parcours de Frédéric est un condensé de cette évolution. « On peut dire que j'ai eu de la chance par rapport à d'autres, témoigne-t-il. J'ai pété les plombs. Je me suis retrouvé à l'hôpital. Trop longtemps. J'étais enfermé. Puis j'ai changé de service parce que ma famille s'inquiétait de me voir végéter, baver, grossir, ne plus penser. Ensuite ç'a été : appartement thérapeutique pendant trois ans, appartement protégé, puis retour à la vie. Ça va mieux. A une époque, je ne me suis pas senti en sécurité ici, en plein après-midi, avec les pêcheurs et les cyclistes. » Depuis dix ans, il est suivi par l'équipe soignante d'un centre médico-psychologique. Environ 250 patients psychotiques peuvent y être reçus en urgence « quand ils estiment qu'il y a du danger pour eux ou pour les autres », souligne un infirmier, très fier de travailler dans un dispositif qui privilégie les soins au long cours, la parole et les liens patiemment tissés.
La « chance » de Frédéric, c'est d'avoir été recueilli par l'une des rares institutions où l'approche humaniste a réussi, tandis qu'ailleurs la psychiatrie publique a fermé 50 000 lits en trente ans. Sulleman, lui, a fait les frais de cette gestion en flux tendu de patients en crise. Ce schizophrène est décédé à l'âge de 42 ans, en 2006, marginalisé. Sa sœur se souvient : « Il a erré de foyer en foyer, puis de rue en rue. S'il avait pu bénéficier de soins adaptés, cette tragédie aurait pu être évitée. » Aujourd'hui, un tiers des sans-abri souffriraient de pathologies mentales. « Il fallait absolument détruire les asiles, mais il ne fallait pas qu'on enlève aussi les soins, regrette le Dr Hervé Bokobza. On a confondu la réforme de fond de l'asile avec la destruction de l'asile. »
Le parcours « bien balisé » d’un fou en France
C'est le début d'un cercle vicieux dont on explore ici les mécanismes. « Le parcours du fou est bien balisé : c'est un aller-retour entre la rue, le foyer, ce qu'il reste de l'hôpital psychiatrique et la prison », résume le vice-président du tribunal de grande instance de Paris. « On juge des gens et on s'aperçoit, une fois qu'ils sont arrivés en détention, qu'ils ont des maladies mentales. Elles auraient dû être prises en compte quand on les a jugés », enchaîne la présidente du Syndicat de la magistrature. Et l'écrivain Catherine Herszberg (Fresnes, histoires de fous) de dénoncer la focalisation des pouvoirs publics sur les questions sécuritaires : « C'est une interrogation politique majeure sur l'état d'une société, quand on en vient à se dire que le dernier lieu où certaines personnes trouvent des soins, c'est la prison. »
La santé mentale en question
Un changement s'impose donc. C'est l'avis du président Nicolas Sarkozy, qui s'appuie sur des faits divers impliquant des déséquilibrés pour imposer la réforme Bachelot. Déjà impopulaire, elle se veut gestionnaire et s'appuie sur les thèses comportementalistes d'Amérique du Nord. Ses idées ? La rééducation est moins chère et plus rapide que les soins au long cours. Plus grave, dans les coulisses du pouvoir, des scientifiques œuvrent pour remplacer le terme de folie par celui de santé mentale. La psychiatrie ne s'occuperait plus seulement des névroses et psychoses mais aussi de la dépression, de l'anxiété, de la déviance sociale… Ce mouvement estime qu'un Français sur quatre rencontre des problèmes de santé mentale. « Pouvons-nous nous passer d'un quart de nos ressources humaines, se questionne cette partisane. Au-delà des discours humanistes qui ne changent rien au problème, attaquons-nous à la question de la santé mentale avec des causes précises et des enjeux chiffrés. » La traque systématique de ces troubles prend forme avec ces programmes de détection, destinés aux écoles et aux entreprises, déjà développés. A la grande inquiétude de ce psychiatre qui avertit : « S'attaquer aux libertés fondamentales des plus exclus d'entre nous augure de ce qui pourrait arriver au reste de la communauté. »
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mardi 27 avril 2010
"Les agriculteurs ont perdu leurs repères” : des pistes de solutions ?
En voila un article interessant...
On produit trop et mal. Mais le bon sens paysan n’est pas mort, et les Français pensent qu'une agriculture de qualité et respectueuse de l'environnement est possible. Marc Dufumier, agronome, explique...Premier volet de notre dossier spécial, consacré ce dimanche au malaise paysan.
Léa Crespi pour Télérama
Ces six derniers mois, 40 000 agriculteurs français ont rempli des demandes d'inscription au RSA, principalement dans le secteur laitier, où les revenus ont baissé de 50 % en deux ans. Plus de 20 % des quelque 600 000 exploitants agricoles encore en activité – ils étaient 1 600 000 en 1970 – peuvent être assimilés à des travailleurs pauvres. Surendettés, lancés dans une course insensée au machinisme et à l'agrandissement, ils sont impuissants à remettre en cause le modèle hyperproductiviste qui leur a été imposé. Notre reportage en Bourgogne (page 24) témoigne de ce désarroi. Pourtant, il y a urgence à repenser l'agriculture française : aperçu dans le splendide documentaire de Dominique Marchais, Le Temps des grâces, l'agronome Marc Dufumier, professeur et chercheur à l'AgroParisTech et acteur engagé du Grenelle de l'environnement, trace des voies stimulantes pour sortir de l'impasse. Une autre agriculture est possible !
Les citadins, qui constituent l'immense majorité de la population française, ont le sentiment d'une agriculture jamais sortie de la crise depuis des décennies...
Les citadins, qui ont un peu oublié ce qu'était l'agriculture, s'inquiètent surtout de la qualité sanitaire des aliments : dioxine dans le poulet, vache folle dans le steak, pesticides sur les légumes, hormones dans le lait, ça commence à faire beaucoup. Ils s'interrogent sur le bien-fondé d'une politique agricole commune (PAC) qui a abondamment subventionné les agriculteurs sans qu'on soit récompensés par la qualité des produits. Quand ils vont à la campagne, ils voient des paysages défigurés. Ou alors ils apprennent qu'un cheval est mort sur une plage bretonne à cause de la pollution par les nitrates. Comment en est-on arrivés là ? Qu'ont fait nos agriculteurs ?
Accusation justifiée ?
On accuse les agriculteurs au lieu d'incriminer le système qui les a poussés à spécialiser exagérément leur agriculture et à la standardiser. Les agriculteurs disent : on a fait ce que les clients nous demandaient ; et les clients répondent : ce n'est pas ce qu'on a demandé. Cela vient du fait qu'entre eux, deux intermédiaires dominants, l'agro-industrie et la grande distribution, ont imposé des produits standards. Quand vous voulez faire épiler des canards par des robots, il faut que les canards naissent tous identiques, donc clonés, nourris avec la même alimentation, apportés le même jour à l'abattoir qui doit les traiter d'une seule et même façon...
Mais après-guerre, lorsque démarre l'industrialisation de l'agriculture en France, la grande distribution n'existe pas...
C'est vrai qu'aujourd'hui la grande distribution, Leclerc, Carrefour et Auchan, a pris le dessus sur les grandes entreprises de la transformation, Danone ou Lactalis. Mais dès le départ, ces agro-industriels ont voulu livrer au consommateur un produit au moindre prix et standardiser les processus. Ils ont été bien aidés par les compagnies semencières et la recherche génétique, même publique...
Pourquoi les semences se raréfient ?
Depuis le néolithique jusqu'au XIXe siècle, les agriculteurs sélectionnaient leurs semences dans leurs champs. Ils choisissaient les plus beaux plants, les plus beaux épis sur les plants, les plus beaux grains sur les épis. Ils étaient maîtres des critères de sélection. Et parmi ces critères, la qualité gustative dominait, elle déterminait le prix. Aujourd'hui, la recherche génétique investit des millions qu'il faut amortir au plus vite. Les nouvelles semences doivent être rentabilisées sur les plus vastes surfaces possibles. On cherche un critère de sélection universel, quels que soient les terroirs. Et ce critère, c'est la photosynthèse, transformation de l'énergie solaire en énergie alimentaire, amidon, sucre. On cherche des plantes capables de bien intercepter la lumière.
“Lorsqu'on investit de grosses sommes
dans l'agro-industrie ou la recherche
génétique,il faut que cela rapporte autant
que dans l'immobilier ou dans la banque”
La terre n'importe plus ?
Non, c'est un renversement complet : les agriculteurs sélectionnaient des variétés adaptées à leur terroir, les terroirs doivent désormais s'adapter à un faible nombre de variétés. Les agriculteurs n'ont plus à leur disposition que très peu de variétés végétales et un nombre décroissant de races animales. Partout, la même vache, la prim'Holstein, produit un lait abondant qui comporte surtout beaucoup d'eau, et, comme on surproduit ce lait, on le déshydrate pour qu'un jour en Afrique les gens le réhydratent avec de l'eau qui risque de ne pas être potable... Tout ça commence à devenir criminel, mais s'explique parfaitement : lorsqu'on investit de grosses sommes dans l'agro-industrie ou la recherche génétique, il faut que cela rapporte autant que dans l'immobilier ou dans la banque. Le capital évite d'ailleurs de s'investir dans le processus de production lui-même et laisse ce risque aux agriculteurs, stigmatisés alors qu'ils n'ont fait que répondre au cahier des charges de l'industrie. On comprendra qu'ils vivent très mal, alors que leur revenu s'effondre, d'être toujours sur la sellette...
D'où ce vote paysan aux régionales, l'abstention et l'extrême droite ?
On le constate en Alsace, où les villes sont à gauche, et même en Franche-Comté. Des agriculteurs très attachés à leur terroir ont perdu leurs repères, précisément parce que la grande distribution n'a pas su prendre en compte les agricultures régionales. Les agriculteurs sont atteints dans leur dignité car leurs revenus reposent de plus en plus sur des aides et non sur le prix de leurs produits. Plutôt que de comprendre qu'il leur faudrait se battre pour des produits de qualité régionale, affronter collectivement les compagnies semencières et la grande distribution, ils pensent qu'ils ont perdu le combat et règlent leur compte, par ce vote injuste, avec les catégories de la population qui fréquentent les hard discounts, les pauvres, les migrants...
Cette crise agricole, c'est aussi l'échec de la politique agricole commune ?
Au sortir de la guerre, on demande aux agriculteurs de développer des produits pour lesquels l'Europe était déficitaire : céréales, sucre, lait et viande. Pour cela, on leur garantit des prix « rémunérateurs, incitatifs et stables ». Rémunérateurs, pour qu'ils puissent satisfaire aux besoins de leur famille, mais aussi investir et accroître leurs rendements. Stables, pour que cet investissement se fasse sur le long terme, ce qui les conduit à se spécialiser. Et incitatifs, c'est là qu'est le problème : quand on est incité, par des prix garantis, à faire des céréales, du sucre, du lait et de la viande, il devient dissuasif de faire autre chose, c'est-à-dire des protéines végétales pour l'alimentation animale - le soja, la luzerne... - et pour les humains - pois chiches, haricots, fèves. Les agriculteurs ont abandonné ces productions que nous importons pour les trois quarts.
Avec quelles conséquences ?
Une vraie perturbation des cycles de l'azote, gaz le plus répandu dans l'atmosphère, qui permet la croissance des plantes. Pour le bétail, nous ne cultivons presque plus de luzerne, de trèfle, de lotier, de sainfoin, c'est-à-dire des protéines végétales riches en azote. A la place, nous importons des protéines de soja, donc de l'azote qui vient du Brésil. Et pour nos cultures, quand il s'agit d'apporter de l'azote aux céréales et aux betteraves, on le fait avec des engrais azotés de synthèse, coûteux en énergie fossile importée sous forme de gaz naturel russe et norvégien. Pour compléter le tableau, à cause de ces prix garantis, « rémunérateurs, incitatifs et stables », nous sommes devenus exportateurs de céréales, que nous bradons aux pays du Sud...
“Il faut commencer par recombiner
agriculture et élevage”
Comment en sortir ?
Il faut commencer par recombiner agriculture et élevage. C'est difficile parce que les agriculteurs se sont endettés dans la course aux machines, puis dans l'agrandissement des exploitations pour amortir ce matériel. Quelqu'un qui vient d'investir dans une grosse moissonneuse-batteuse ne peut investir dans une salle de traite, et inversement. Cette spécialisation excessive fait qu'en Bretagne, où il y a une surconcentration animale, les animaux mangent un soja azoté importé du Brésil et, comme ces animaux ne reposent plus sur des pailles - les pailles sont dans le Bassin parisien, où on cultive les céréales -, qu'on ne fabrique plus de fumier mais du lisier. L'urine et les excréments percolent jusqu'aux nappes phréatiques, l'azote se transforme en nitrates, on dépasse les normes européennes, les eaux sont imbuvables, le littoral est pollué, un cheval meurt sur une plage...
Et dans le Bassin parisien, terre de céréales ?
Plus d'élevage, donc plus de fumier non plus, les céréales manquent d'azote et on a recours aux engrais azotés de synthèse. Il faudrait au moins demander aux grands céréaliers qu'autour d'eux, chaque fois que des terres se libèrent, ils laissent s'installer des éleveurs à qui ils fourniraient des légumineuses - luzerne, trèfle, sainfoin. Du coup, leurs céréales industrielles seraient fertilisées en azote grâce à ces légumineuses, qui ont le grand mérite de fixer l'azote sous forme organique et d'éviter qu'il rejoigne les nappes phréatiques. Mais pour cela, il faudrait que nos céréaliers soient incités à faire ces protéines végétales et dissuadés par des quotas de surproduire des céréales...
Que va-t-il se passer en 2013, lors de la renégociation de la PAC ?
Si la France ne fait pas de propositions novatrices, on court à la catastrophe ! Nos partenaires européens veulent qu'on baisse l'aide aux agriculteurs pour engager des politiques industrielles. A cela s'ajoutent les pressions internationales pour qu'on libéralise les échanges agricoles. Depuis vingt ans, la PAC, à cause des surproductions, est attaquée dans les enceintes internationales, le Gatt autrefois, l'OMC aujourd'hui : on a perdu une bataille en 1992 parce que le syndicat majoritaire des agriculteurs français, la FNSEA, au lieu d'accepter des quotas sur l'exportation des céréales, a, sous la pression de deux lobbys néfastes, les céréaliers et les sucriers, campé sur ses positions et refusé les quotas. Evidemment, on a perdu, il a fallu cesser les subventions aux exportations, remplacées par des « aides directes » aux agriculteurs. Aujourd'hui, il faut revoir la copie : pour que les contribuables acceptent de continuer à financer nos agriculteurs, ces derniers vont devoir produire un environnement sain et beau et des aliments de bonne qualité.
Quels sont les moyens d'y parvenir ?
En généralisant les appellations d'origine protégées, avec une certification, comme pour le bio. Les agriculteurs seraient rémunérés non plus par des aides directes mais par des prix garantis, parce que le consommateur accepterait d'acheter plus cher ces produits. C'est possible puisque, malgré la crise économique, on importe 10 % de produits bio supplémentaires chaque année pour pallier l'insuffisance de la production française. Donc il y a bien un marché croissant pour des produits de qualité.
“Il va falloir que les ménages pauvres
aient accès à une alimentation de qualité
sans débourser davantage”
Mais on verrait une agriculture, et une consommation, à deux vitesses, pour les riches et les pauvres ?
C'est déjà le cas. Rappelons qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand des gouvernements courageux ont mis des droits de douane sur les produits importés bon marché des Etats-Unis et d'Argentine afin que nos agriculteurs soient correctement rémunérés, il n'y a pas eu de conflits sociaux majeurs, alors que l'alimentation représentait 30 % du budget des ménages. Aujourd'hui, ce n'est plus que 15 %.
Un peu plus pour les ménages pauvres...
C'est vrai. Il va falloir qu'ils aient accès à une alimentation de qualité sans débourser davantage. D'où cette proposition, dans le pacte de la Fondation Nicolas Hulot dont j'étais l'inspirateur : les couches modestes, celles qui fréquentent quotidiennement les cantines d'entreprises et scolaires, doivent y trouver au même prix une alimentation de qualité. Pour cela, la restauration collective établira des contrats avec les agriculteurs certifiés, et payera plus cher les produits, grâce aux subventions de la PAC. C'est cela qu'il faut renégocier : un transfert massif des subventions européennes vers l'agriculture de qualité. Une partie de ces subventions pourrait aussi rémunérer des contrats que les collectivités locales passeraient avec les agriculteurs pour le maintien du bocage, d'un environnement diversifié, afin de permettre notamment la survie des abeilles, donc la fécondation des fruitiers avec moins de pesticides et d'insecticides. Au final, on ne parlerait plus de subventions, de mendicité, mais de gens droits dans leurs bottes jouant un rôle de service public.
Belle utopie. Quelle chance y a-t-il pour que ces idées soient mises en œuvre, avec un Pascal Lamy à l'OMC qui prône la libéralisation des marchés ?
Les conférences, les films, le montrent : le grand public adhère à l'idée qu'une autre agriculture est possible. Comment Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn peuvent-ils penser que les échanges internationaux, tels qu'ils sont négociés aujourd'hui, nous donnent une agriculture et un environnement de qualité ? Pourquoi la raison ne l'emporte-t-elle pas ? Parce que beaucoup de gens ont investi dans la recherche génétique, la grande distribution, l'agro-industrie ! Or, aujourd'hui, cette dernière se délocalise en Ukraine pour faire du blé, au Brésil pour faire de la canne à sucre ou des agrocarburants. Ils savent pertinemment qu'il vaut mieux produire le tout-venant à l'étranger. Les vrais avantages comparatifs de l'agriculture française, ce sont les produits à haute valeur ajoutée : les deux tiers de notre excédent de balance commerciale agricole proviennent des vins et fromages d'appellation d'origine protégée. C'est dans cette direction qu'il faut aller, et nous devons arrêter de faire du faire du tort aux pays du Sud avec nos exportations de céréales subventionnées.
Dès lors, comment s'y prendre ?
Dans les négociations de l'OMC à Doha, les pays du Sud vont chercher à reconquérir leur sécurité et leur souveraineté alimentaire. On ne doit pas revoir les émeutes de la faim de 2007-2008. Il faut donc que le paysan éthiopien puisse manger du teff, le paysan andin du quinoa, de l'amarante et du lupin, le paysan sénégalais du mil et du sorgho, que tous ces paysans ne soient pas obligés de rejoindre les bidonvilles ou de traverser le désert et la Méditerranée pour arriver ici.
C'est le militant qui s'exprime, mais en dehors d'une prise de conscience des consommateurs, que voyez-vous comme changement objectif ? La dernière crise du lait n'apporte-t-elle pas la preuve que rien ne change ?
Certes, elle est emblématique du marasme de notre agriculture et des désordres de la finance internationale. La modernisation de nos exploitations laitières avait abouti à une surproduction endémique. L'instauration de quotas sur le lait, en 1984, a permis de résorber la surproduction. Survient en 2007 une sécheresse en Australie, habituellement grande exportatrice de poudre de lait. La spéculation se déchaîne sur les marchés mondiaux, les prix explosent, mais dès que les spéculateurs voient une bonne collecte de lait se profiler, ils se retirent du marché et les prix s'effondrent. Les producteurs français perdent la moitié de leurs revenus. D'où la grève du lait de l'été dernier.
“Certains leaders de la FNSEA pensent
qu'il suffit d'éliminer nos agriculteurs de montagne
qui font des fromages d'appellation
d'origine protégée pour que
survivent les plus performants”
Mouvement auquel s'opposait la FNSEA !
Oui, certains leaders de la FNSEA pensent qu'il suffit d'éliminer nos agriculteurs de montagne qui font des fromages d'appellation d'origine protégée pour que survivent les plus performants, ceux qui vendent de la poudre de lait sur les marchés mondiaux et imaginent qu'ils vont continuer à rivaliser avec la Nouvelle-Zélande. Cette avant-garde « moderniste » a fait beaucoup de tort à la base syndicale qui s'est insurgée. L'avenir est au contraire aux produits de qualité, en priorité pour le marché intérieur, y compris les écoles primaires et les cantines d'entreprises : la Nouvelle-Zélande et l'Australie cesseront de nous accuser de dumping, les consommateurs français seront heureux de mieux manger et de moins polluer, un nombre croissant d'agriculteurs pourront se maintenir.
Mais aujourd'hui, les multinationales Lactalis ou Danone font la loi !
Eh bien, Lactalis et Danone feront un jour ce que viennent de faire les abattoirs Doux, qui ont délocalisé leurs poulets au Brésil, avec du soja local et une main-d'oeuvre pas chère : par souci de rentabilité, ils abandonneront les agriculteurs français. La grande distribution fait de même : quand elle constate que la demande en produits biologiques s'accroît, elle importe d'Italie et d'Allemagne, là où les surfaces en bio ont atteint une taille critique qui permet des prix raisonnables. Car nos agro-industries n'ont pas été capables de négocier avec les agriculteurs français des circuits d'approvisionnement en produits bio. Alors que nous étions les premiers il y a vingt ans ! Bravo Lactalis, bravo la grande distribution ! Il faut résister !
Qui résiste ?
Des agriculteurs, des petites coopératives ! Un certain André Pochon, agriculteur breton, alors qu'on subventionnait le maïs ensilage pour produire du lait bas de gamme, a continué, sans subventions, à produire du lait sur des prairies ou poussait du trèfle blanc. Il a écrit des bouquins, l'Inra lui a apporté sa caution scientifique sur le tard. Entre-temps on avait incité les agriculteurs bretons à faire leurs élevages pollueurs. Oui, face aux forces économiques qui ont conduit les agriculteurs français dans l'impasse, ce monsieur a été un résistant !
“Le pouvoir de Jean-Louis Borloo devient limité,
et les fossoyeurs de l'écologie au ministère
de l'Agriculture reprennent du poil de la bête”
Aujourd'hui, le Grenelle de l'environnement est menacé...
Il y avait pourtant un relatif consensus lors du premier Grenelle ! Même si les leaders de la FNSEA ont menacé par deux fois de claquer la porte - à propos des pesticides, puis des OGM -, ils étaient revenus à la négociation. Et ils ne trouvaient plus d'arguments pour s'opposer au virage que va devoir prendre l'agriculture française. Ils étaient bien obligés de constater que les organisations environnementalistes n'étaient pas composées que de chevelus et de bobos voulant en découdre avec les agriculteurs français. Malheureusement, on constate au niveau de la présidence - depuis « l'environnement ça commence à bien faire », de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture - un certain virage. Il va de soi que le pouvoir de Jean-Louis Borloo devient limité et que les fossoyeurs de l'écologie au ministère de l'Agriculture reprennent du poil de la bête.
Pas optimiste alors ?
Ce n'est pas en France qu'est le gros problème. Aujourd'hui, je peux avoir accès à la direction de l'Inra, aux patrons de la FNSEA, au ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, à Jean-Louis Borloo, Chantal Jouanno, Nathalie Kosciusko-Morizet, et j'ai même rencontré en délégation Nicolas Sarkozy pour discuter de l'application de la partie agricole du Grenelle. Ceux auxquels je n'ai pas accès, ce sont Pascal Lamy à l'OMC et Dominique Strauss-Kahn au FMI. Et pourtant, il y aurait urgence ! Le sort de l'agriculture française se joue dans les négociations internationales, qui doivent absolument prendre en compte les rapports Nord-Sud, les questions environnementales, les mouvements migratoires. Avec Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn, on a affaire à de brillants intellectuels, on a la chance qu'ils parlent français, mais il y a chez eux trop peu d'écoute à l'égard de ceux qui réfléchissent à l'agriculture de demain. Mais j'ai confiance dans le combat politique des résistants, des citoyens, des associations, des syndicats !
On produit trop et mal. Mais le bon sens paysan n’est pas mort, et les Français pensent qu'une agriculture de qualité et respectueuse de l'environnement est possible. Marc Dufumier, agronome, explique...Premier volet de notre dossier spécial, consacré ce dimanche au malaise paysan.
Léa Crespi pour Télérama
Ces six derniers mois, 40 000 agriculteurs français ont rempli des demandes d'inscription au RSA, principalement dans le secteur laitier, où les revenus ont baissé de 50 % en deux ans. Plus de 20 % des quelque 600 000 exploitants agricoles encore en activité – ils étaient 1 600 000 en 1970 – peuvent être assimilés à des travailleurs pauvres. Surendettés, lancés dans une course insensée au machinisme et à l'agrandissement, ils sont impuissants à remettre en cause le modèle hyperproductiviste qui leur a été imposé. Notre reportage en Bourgogne (page 24) témoigne de ce désarroi. Pourtant, il y a urgence à repenser l'agriculture française : aperçu dans le splendide documentaire de Dominique Marchais, Le Temps des grâces, l'agronome Marc Dufumier, professeur et chercheur à l'AgroParisTech et acteur engagé du Grenelle de l'environnement, trace des voies stimulantes pour sortir de l'impasse. Une autre agriculture est possible !
Les citadins, qui constituent l'immense majorité de la population française, ont le sentiment d'une agriculture jamais sortie de la crise depuis des décennies...
Les citadins, qui ont un peu oublié ce qu'était l'agriculture, s'inquiètent surtout de la qualité sanitaire des aliments : dioxine dans le poulet, vache folle dans le steak, pesticides sur les légumes, hormones dans le lait, ça commence à faire beaucoup. Ils s'interrogent sur le bien-fondé d'une politique agricole commune (PAC) qui a abondamment subventionné les agriculteurs sans qu'on soit récompensés par la qualité des produits. Quand ils vont à la campagne, ils voient des paysages défigurés. Ou alors ils apprennent qu'un cheval est mort sur une plage bretonne à cause de la pollution par les nitrates. Comment en est-on arrivés là ? Qu'ont fait nos agriculteurs ?
Accusation justifiée ?
On accuse les agriculteurs au lieu d'incriminer le système qui les a poussés à spécialiser exagérément leur agriculture et à la standardiser. Les agriculteurs disent : on a fait ce que les clients nous demandaient ; et les clients répondent : ce n'est pas ce qu'on a demandé. Cela vient du fait qu'entre eux, deux intermédiaires dominants, l'agro-industrie et la grande distribution, ont imposé des produits standards. Quand vous voulez faire épiler des canards par des robots, il faut que les canards naissent tous identiques, donc clonés, nourris avec la même alimentation, apportés le même jour à l'abattoir qui doit les traiter d'une seule et même façon...
Mais après-guerre, lorsque démarre l'industrialisation de l'agriculture en France, la grande distribution n'existe pas...
C'est vrai qu'aujourd'hui la grande distribution, Leclerc, Carrefour et Auchan, a pris le dessus sur les grandes entreprises de la transformation, Danone ou Lactalis. Mais dès le départ, ces agro-industriels ont voulu livrer au consommateur un produit au moindre prix et standardiser les processus. Ils ont été bien aidés par les compagnies semencières et la recherche génétique, même publique...
Pourquoi les semences se raréfient ?
Depuis le néolithique jusqu'au XIXe siècle, les agriculteurs sélectionnaient leurs semences dans leurs champs. Ils choisissaient les plus beaux plants, les plus beaux épis sur les plants, les plus beaux grains sur les épis. Ils étaient maîtres des critères de sélection. Et parmi ces critères, la qualité gustative dominait, elle déterminait le prix. Aujourd'hui, la recherche génétique investit des millions qu'il faut amortir au plus vite. Les nouvelles semences doivent être rentabilisées sur les plus vastes surfaces possibles. On cherche un critère de sélection universel, quels que soient les terroirs. Et ce critère, c'est la photosynthèse, transformation de l'énergie solaire en énergie alimentaire, amidon, sucre. On cherche des plantes capables de bien intercepter la lumière.
“Lorsqu'on investit de grosses sommes
dans l'agro-industrie ou la recherche
génétique,il faut que cela rapporte autant
que dans l'immobilier ou dans la banque”
La terre n'importe plus ?
Non, c'est un renversement complet : les agriculteurs sélectionnaient des variétés adaptées à leur terroir, les terroirs doivent désormais s'adapter à un faible nombre de variétés. Les agriculteurs n'ont plus à leur disposition que très peu de variétés végétales et un nombre décroissant de races animales. Partout, la même vache, la prim'Holstein, produit un lait abondant qui comporte surtout beaucoup d'eau, et, comme on surproduit ce lait, on le déshydrate pour qu'un jour en Afrique les gens le réhydratent avec de l'eau qui risque de ne pas être potable... Tout ça commence à devenir criminel, mais s'explique parfaitement : lorsqu'on investit de grosses sommes dans l'agro-industrie ou la recherche génétique, il faut que cela rapporte autant que dans l'immobilier ou dans la banque. Le capital évite d'ailleurs de s'investir dans le processus de production lui-même et laisse ce risque aux agriculteurs, stigmatisés alors qu'ils n'ont fait que répondre au cahier des charges de l'industrie. On comprendra qu'ils vivent très mal, alors que leur revenu s'effondre, d'être toujours sur la sellette...
D'où ce vote paysan aux régionales, l'abstention et l'extrême droite ?
On le constate en Alsace, où les villes sont à gauche, et même en Franche-Comté. Des agriculteurs très attachés à leur terroir ont perdu leurs repères, précisément parce que la grande distribution n'a pas su prendre en compte les agricultures régionales. Les agriculteurs sont atteints dans leur dignité car leurs revenus reposent de plus en plus sur des aides et non sur le prix de leurs produits. Plutôt que de comprendre qu'il leur faudrait se battre pour des produits de qualité régionale, affronter collectivement les compagnies semencières et la grande distribution, ils pensent qu'ils ont perdu le combat et règlent leur compte, par ce vote injuste, avec les catégories de la population qui fréquentent les hard discounts, les pauvres, les migrants...
Cette crise agricole, c'est aussi l'échec de la politique agricole commune ?
Au sortir de la guerre, on demande aux agriculteurs de développer des produits pour lesquels l'Europe était déficitaire : céréales, sucre, lait et viande. Pour cela, on leur garantit des prix « rémunérateurs, incitatifs et stables ». Rémunérateurs, pour qu'ils puissent satisfaire aux besoins de leur famille, mais aussi investir et accroître leurs rendements. Stables, pour que cet investissement se fasse sur le long terme, ce qui les conduit à se spécialiser. Et incitatifs, c'est là qu'est le problème : quand on est incité, par des prix garantis, à faire des céréales, du sucre, du lait et de la viande, il devient dissuasif de faire autre chose, c'est-à-dire des protéines végétales pour l'alimentation animale - le soja, la luzerne... - et pour les humains - pois chiches, haricots, fèves. Les agriculteurs ont abandonné ces productions que nous importons pour les trois quarts.
Avec quelles conséquences ?
Une vraie perturbation des cycles de l'azote, gaz le plus répandu dans l'atmosphère, qui permet la croissance des plantes. Pour le bétail, nous ne cultivons presque plus de luzerne, de trèfle, de lotier, de sainfoin, c'est-à-dire des protéines végétales riches en azote. A la place, nous importons des protéines de soja, donc de l'azote qui vient du Brésil. Et pour nos cultures, quand il s'agit d'apporter de l'azote aux céréales et aux betteraves, on le fait avec des engrais azotés de synthèse, coûteux en énergie fossile importée sous forme de gaz naturel russe et norvégien. Pour compléter le tableau, à cause de ces prix garantis, « rémunérateurs, incitatifs et stables », nous sommes devenus exportateurs de céréales, que nous bradons aux pays du Sud...
“Il faut commencer par recombiner
agriculture et élevage”
Comment en sortir ?
Il faut commencer par recombiner agriculture et élevage. C'est difficile parce que les agriculteurs se sont endettés dans la course aux machines, puis dans l'agrandissement des exploitations pour amortir ce matériel. Quelqu'un qui vient d'investir dans une grosse moissonneuse-batteuse ne peut investir dans une salle de traite, et inversement. Cette spécialisation excessive fait qu'en Bretagne, où il y a une surconcentration animale, les animaux mangent un soja azoté importé du Brésil et, comme ces animaux ne reposent plus sur des pailles - les pailles sont dans le Bassin parisien, où on cultive les céréales -, qu'on ne fabrique plus de fumier mais du lisier. L'urine et les excréments percolent jusqu'aux nappes phréatiques, l'azote se transforme en nitrates, on dépasse les normes européennes, les eaux sont imbuvables, le littoral est pollué, un cheval meurt sur une plage...
Et dans le Bassin parisien, terre de céréales ?
Plus d'élevage, donc plus de fumier non plus, les céréales manquent d'azote et on a recours aux engrais azotés de synthèse. Il faudrait au moins demander aux grands céréaliers qu'autour d'eux, chaque fois que des terres se libèrent, ils laissent s'installer des éleveurs à qui ils fourniraient des légumineuses - luzerne, trèfle, sainfoin. Du coup, leurs céréales industrielles seraient fertilisées en azote grâce à ces légumineuses, qui ont le grand mérite de fixer l'azote sous forme organique et d'éviter qu'il rejoigne les nappes phréatiques. Mais pour cela, il faudrait que nos céréaliers soient incités à faire ces protéines végétales et dissuadés par des quotas de surproduire des céréales...
Que va-t-il se passer en 2013, lors de la renégociation de la PAC ?
Si la France ne fait pas de propositions novatrices, on court à la catastrophe ! Nos partenaires européens veulent qu'on baisse l'aide aux agriculteurs pour engager des politiques industrielles. A cela s'ajoutent les pressions internationales pour qu'on libéralise les échanges agricoles. Depuis vingt ans, la PAC, à cause des surproductions, est attaquée dans les enceintes internationales, le Gatt autrefois, l'OMC aujourd'hui : on a perdu une bataille en 1992 parce que le syndicat majoritaire des agriculteurs français, la FNSEA, au lieu d'accepter des quotas sur l'exportation des céréales, a, sous la pression de deux lobbys néfastes, les céréaliers et les sucriers, campé sur ses positions et refusé les quotas. Evidemment, on a perdu, il a fallu cesser les subventions aux exportations, remplacées par des « aides directes » aux agriculteurs. Aujourd'hui, il faut revoir la copie : pour que les contribuables acceptent de continuer à financer nos agriculteurs, ces derniers vont devoir produire un environnement sain et beau et des aliments de bonne qualité.
Quels sont les moyens d'y parvenir ?
En généralisant les appellations d'origine protégées, avec une certification, comme pour le bio. Les agriculteurs seraient rémunérés non plus par des aides directes mais par des prix garantis, parce que le consommateur accepterait d'acheter plus cher ces produits. C'est possible puisque, malgré la crise économique, on importe 10 % de produits bio supplémentaires chaque année pour pallier l'insuffisance de la production française. Donc il y a bien un marché croissant pour des produits de qualité.
“Il va falloir que les ménages pauvres
aient accès à une alimentation de qualité
sans débourser davantage”
Mais on verrait une agriculture, et une consommation, à deux vitesses, pour les riches et les pauvres ?
C'est déjà le cas. Rappelons qu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quand des gouvernements courageux ont mis des droits de douane sur les produits importés bon marché des Etats-Unis et d'Argentine afin que nos agriculteurs soient correctement rémunérés, il n'y a pas eu de conflits sociaux majeurs, alors que l'alimentation représentait 30 % du budget des ménages. Aujourd'hui, ce n'est plus que 15 %.
Un peu plus pour les ménages pauvres...
C'est vrai. Il va falloir qu'ils aient accès à une alimentation de qualité sans débourser davantage. D'où cette proposition, dans le pacte de la Fondation Nicolas Hulot dont j'étais l'inspirateur : les couches modestes, celles qui fréquentent quotidiennement les cantines d'entreprises et scolaires, doivent y trouver au même prix une alimentation de qualité. Pour cela, la restauration collective établira des contrats avec les agriculteurs certifiés, et payera plus cher les produits, grâce aux subventions de la PAC. C'est cela qu'il faut renégocier : un transfert massif des subventions européennes vers l'agriculture de qualité. Une partie de ces subventions pourrait aussi rémunérer des contrats que les collectivités locales passeraient avec les agriculteurs pour le maintien du bocage, d'un environnement diversifié, afin de permettre notamment la survie des abeilles, donc la fécondation des fruitiers avec moins de pesticides et d'insecticides. Au final, on ne parlerait plus de subventions, de mendicité, mais de gens droits dans leurs bottes jouant un rôle de service public.
Belle utopie. Quelle chance y a-t-il pour que ces idées soient mises en œuvre, avec un Pascal Lamy à l'OMC qui prône la libéralisation des marchés ?
Les conférences, les films, le montrent : le grand public adhère à l'idée qu'une autre agriculture est possible. Comment Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn peuvent-ils penser que les échanges internationaux, tels qu'ils sont négociés aujourd'hui, nous donnent une agriculture et un environnement de qualité ? Pourquoi la raison ne l'emporte-t-elle pas ? Parce que beaucoup de gens ont investi dans la recherche génétique, la grande distribution, l'agro-industrie ! Or, aujourd'hui, cette dernière se délocalise en Ukraine pour faire du blé, au Brésil pour faire de la canne à sucre ou des agrocarburants. Ils savent pertinemment qu'il vaut mieux produire le tout-venant à l'étranger. Les vrais avantages comparatifs de l'agriculture française, ce sont les produits à haute valeur ajoutée : les deux tiers de notre excédent de balance commerciale agricole proviennent des vins et fromages d'appellation d'origine protégée. C'est dans cette direction qu'il faut aller, et nous devons arrêter de faire du faire du tort aux pays du Sud avec nos exportations de céréales subventionnées.
Dès lors, comment s'y prendre ?
Dans les négociations de l'OMC à Doha, les pays du Sud vont chercher à reconquérir leur sécurité et leur souveraineté alimentaire. On ne doit pas revoir les émeutes de la faim de 2007-2008. Il faut donc que le paysan éthiopien puisse manger du teff, le paysan andin du quinoa, de l'amarante et du lupin, le paysan sénégalais du mil et du sorgho, que tous ces paysans ne soient pas obligés de rejoindre les bidonvilles ou de traverser le désert et la Méditerranée pour arriver ici.
C'est le militant qui s'exprime, mais en dehors d'une prise de conscience des consommateurs, que voyez-vous comme changement objectif ? La dernière crise du lait n'apporte-t-elle pas la preuve que rien ne change ?
Certes, elle est emblématique du marasme de notre agriculture et des désordres de la finance internationale. La modernisation de nos exploitations laitières avait abouti à une surproduction endémique. L'instauration de quotas sur le lait, en 1984, a permis de résorber la surproduction. Survient en 2007 une sécheresse en Australie, habituellement grande exportatrice de poudre de lait. La spéculation se déchaîne sur les marchés mondiaux, les prix explosent, mais dès que les spéculateurs voient une bonne collecte de lait se profiler, ils se retirent du marché et les prix s'effondrent. Les producteurs français perdent la moitié de leurs revenus. D'où la grève du lait de l'été dernier.
“Certains leaders de la FNSEA pensent
qu'il suffit d'éliminer nos agriculteurs de montagne
qui font des fromages d'appellation
d'origine protégée pour que
survivent les plus performants”
Mouvement auquel s'opposait la FNSEA !
Oui, certains leaders de la FNSEA pensent qu'il suffit d'éliminer nos agriculteurs de montagne qui font des fromages d'appellation d'origine protégée pour que survivent les plus performants, ceux qui vendent de la poudre de lait sur les marchés mondiaux et imaginent qu'ils vont continuer à rivaliser avec la Nouvelle-Zélande. Cette avant-garde « moderniste » a fait beaucoup de tort à la base syndicale qui s'est insurgée. L'avenir est au contraire aux produits de qualité, en priorité pour le marché intérieur, y compris les écoles primaires et les cantines d'entreprises : la Nouvelle-Zélande et l'Australie cesseront de nous accuser de dumping, les consommateurs français seront heureux de mieux manger et de moins polluer, un nombre croissant d'agriculteurs pourront se maintenir.
Mais aujourd'hui, les multinationales Lactalis ou Danone font la loi !
Eh bien, Lactalis et Danone feront un jour ce que viennent de faire les abattoirs Doux, qui ont délocalisé leurs poulets au Brésil, avec du soja local et une main-d'oeuvre pas chère : par souci de rentabilité, ils abandonneront les agriculteurs français. La grande distribution fait de même : quand elle constate que la demande en produits biologiques s'accroît, elle importe d'Italie et d'Allemagne, là où les surfaces en bio ont atteint une taille critique qui permet des prix raisonnables. Car nos agro-industries n'ont pas été capables de négocier avec les agriculteurs français des circuits d'approvisionnement en produits bio. Alors que nous étions les premiers il y a vingt ans ! Bravo Lactalis, bravo la grande distribution ! Il faut résister !
Qui résiste ?
Des agriculteurs, des petites coopératives ! Un certain André Pochon, agriculteur breton, alors qu'on subventionnait le maïs ensilage pour produire du lait bas de gamme, a continué, sans subventions, à produire du lait sur des prairies ou poussait du trèfle blanc. Il a écrit des bouquins, l'Inra lui a apporté sa caution scientifique sur le tard. Entre-temps on avait incité les agriculteurs bretons à faire leurs élevages pollueurs. Oui, face aux forces économiques qui ont conduit les agriculteurs français dans l'impasse, ce monsieur a été un résistant !
“Le pouvoir de Jean-Louis Borloo devient limité,
et les fossoyeurs de l'écologie au ministère
de l'Agriculture reprennent du poil de la bête”
Aujourd'hui, le Grenelle de l'environnement est menacé...
Il y avait pourtant un relatif consensus lors du premier Grenelle ! Même si les leaders de la FNSEA ont menacé par deux fois de claquer la porte - à propos des pesticides, puis des OGM -, ils étaient revenus à la négociation. Et ils ne trouvaient plus d'arguments pour s'opposer au virage que va devoir prendre l'agriculture française. Ils étaient bien obligés de constater que les organisations environnementalistes n'étaient pas composées que de chevelus et de bobos voulant en découdre avec les agriculteurs français. Malheureusement, on constate au niveau de la présidence - depuis « l'environnement ça commence à bien faire », de Nicolas Sarkozy au Salon de l'agriculture - un certain virage. Il va de soi que le pouvoir de Jean-Louis Borloo devient limité et que les fossoyeurs de l'écologie au ministère de l'Agriculture reprennent du poil de la bête.
Pas optimiste alors ?
Ce n'est pas en France qu'est le gros problème. Aujourd'hui, je peux avoir accès à la direction de l'Inra, aux patrons de la FNSEA, au ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire, à Jean-Louis Borloo, Chantal Jouanno, Nathalie Kosciusko-Morizet, et j'ai même rencontré en délégation Nicolas Sarkozy pour discuter de l'application de la partie agricole du Grenelle. Ceux auxquels je n'ai pas accès, ce sont Pascal Lamy à l'OMC et Dominique Strauss-Kahn au FMI. Et pourtant, il y aurait urgence ! Le sort de l'agriculture française se joue dans les négociations internationales, qui doivent absolument prendre en compte les rapports Nord-Sud, les questions environnementales, les mouvements migratoires. Avec Pascal Lamy et Dominique Strauss-Kahn, on a affaire à de brillants intellectuels, on a la chance qu'ils parlent français, mais il y a chez eux trop peu d'écoute à l'égard de ceux qui réfléchissent à l'agriculture de demain. Mais j'ai confiance dans le combat politique des résistants, des citoyens, des associations, des syndicats !
dimanche 25 avril 2010
Cinéma Polanski : "The ghost writer" : ambitieux et brillant mais inabouti
"The ghost writer" de Polanski, demi réussite ou demi échec ?
Saluons Roman Polanski pour son mérite : s'être emparé d'un sujet brûlant comme la haute trahison de Tony Blair et de son gouvernement à l'idéal européen et son projet humaniste.
La qualité du film ?
- Excellente direction d'acteur,
(Ewan MacGregor, Pierce Brosnan, Olivia Williams, Kim Cattrall sont tous excellents. Sans compter les apparitions délicieuses de James Belushi et d'Eli Wallach.)
- Virtuosité et esthétisme,
Mais si l'atmosphère d'inspiration hitchcockienne nous ravit, on reste je trouve déçu par ce film inabouti.
En effet, l'intrigue m'a semblé décevante, les enjeux paraissant insignifiants (quelques ennemis livrés à la CIA...).
Et les spectateurs ne s'y trompent pas.
Point étonnant, la fin peut s'apparenter à un appel au meurtre de l'ex premier ministre britannique...
En tout cas ce brûlot anti bush-blair de Polanski n'est sûrement pas pour rien dans la relance de son inculpation à titre personnel...
Vous pensez que j'affabule ?
Alors regardez cette video de Wikileaks, un site de vigilance sur les exactions de l'armée, et faites vous votre opinion sur ceux qui agissent en Irak au nom des occidentaux. Ca calme ?
Pour en savoir plus sur le film : Une analyse fouillée ainsi qu'une autre.
Et un point de vue : Extrait :
"Polanski invite les spectateurs à sortir de cette condition de « fantômes » à laquelle semblent vouloir les cantonner les hommes de pouvoir.
Il dénonce les conspirations souterraines à l’œuvre non pas pour le bien des citoyens, mais d’une élite qui entretient soigneusement ses privilèges et étend sa domination économique, politique, philosophique, à l’ensemble de la planète.
Le simple thriller cache donc un subtil brûlot sur l’aliénation des peuples et l’impérialisme américain,
doublé d’un film pessimiste, presque funèbre, quant à l’avenir de l’humanité soumise à cette dictature silencieuse."
Je laisse la conclusion à StreetPress :
“You may think you know what you’re dealing with, but, believe me, you don’t.”
Saluons Roman Polanski pour son mérite : s'être emparé d'un sujet brûlant comme la haute trahison de Tony Blair et de son gouvernement à l'idéal européen et son projet humaniste.
La qualité du film ?
- Excellente direction d'acteur,
(Ewan MacGregor, Pierce Brosnan, Olivia Williams, Kim Cattrall sont tous excellents. Sans compter les apparitions délicieuses de James Belushi et d'Eli Wallach.)
- Virtuosité et esthétisme,
Mais si l'atmosphère d'inspiration hitchcockienne nous ravit, on reste je trouve déçu par ce film inabouti.
En effet, l'intrigue m'a semblé décevante, les enjeux paraissant insignifiants (quelques ennemis livrés à la CIA...).
Et les spectateurs ne s'y trompent pas.
Point étonnant, la fin peut s'apparenter à un appel au meurtre de l'ex premier ministre britannique...
En tout cas ce brûlot anti bush-blair de Polanski n'est sûrement pas pour rien dans la relance de son inculpation à titre personnel...
Vous pensez que j'affabule ?
Alors regardez cette video de Wikileaks, un site de vigilance sur les exactions de l'armée, et faites vous votre opinion sur ceux qui agissent en Irak au nom des occidentaux. Ca calme ?
Pour en savoir plus sur le film : Une analyse fouillée ainsi qu'une autre.
Et un point de vue : Extrait :
"Polanski invite les spectateurs à sortir de cette condition de « fantômes » à laquelle semblent vouloir les cantonner les hommes de pouvoir.
Il dénonce les conspirations souterraines à l’œuvre non pas pour le bien des citoyens, mais d’une élite qui entretient soigneusement ses privilèges et étend sa domination économique, politique, philosophique, à l’ensemble de la planète.
Le simple thriller cache donc un subtil brûlot sur l’aliénation des peuples et l’impérialisme américain,
doublé d’un film pessimiste, presque funèbre, quant à l’avenir de l’humanité soumise à cette dictature silencieuse."
Je laisse la conclusion à StreetPress :
“You may think you know what you’re dealing with, but, believe me, you don’t.”
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Le phénomène Lip dub : des réussites ?
Le secret d'un bon LipDub ?
- se moquer du ridicule, des gens s'amusent vraiment, un collectif qui ose ne pas prendre au sérieux,
- une très bonne musique,
- un plan séquence efficace, rythmé, spontané, sensuel et inventif (pas trop pro)
Certains s'en approchent ?
LIPDUB - I Gotta Feeling (Comm-UQAM 2009)
LIBDUP ESSCA
LIpDUP EMLYON 2009
Lipdub Sciences Po Paris 2009
Loxor, j'Adore
Le premier Lipdub: Flagpole Sitta ? (paroles et anglais et en francais)
et quelques autres
En tout cas le signe d'une évolution de la "culture d'entreprise" et de la gestion de son image dans les média réalité.
- se moquer du ridicule, des gens s'amusent vraiment, un collectif qui ose ne pas prendre au sérieux,
- une très bonne musique,
- un plan séquence efficace, rythmé, spontané, sensuel et inventif (pas trop pro)
Certains s'en approchent ?
LIPDUB - I Gotta Feeling (Comm-UQAM 2009)
LIBDUP ESSCA
LIpDUP EMLYON 2009
Lipdub Sciences Po Paris 2009
Loxor, j'Adore
Le premier Lipdub: Flagpole Sitta ? (paroles et anglais et en francais)
et quelques autres
En tout cas le signe d'une évolution de la "culture d'entreprise" et de la gestion de son image dans les média réalité.
jeudi 18 mars 2010
Le travail, aliénation ou émancipation ?
L'article sur psychomotivation.net et sa bibliographie en fin...
"...jusqu'aux XVIIème et XVIIIème siècles, le problème restait avant tout celui de la survie: se nourrir, se vêtir, s'abriter, se soigner, assurer le minimum restait la préoccupation de l'immense majorité des gens. Mais aujourd'hui, dans le cadre de notre société industrielle hyper-productiviste, apparaît la question au rapport au travail. C'est une notion qui jadis ne se discutait même pas.
Aujourd'hui, on commence à prendre conscience que le propre de l'homme c'est l'activité et non le travail. Le mot travail n'a été employé en France qu'à partir du XVIIe siècle. Auparavant on disait labourer ou œuvrer. Labourer parce que la France était un pays agricole, œuvrer puisque l'artisanat (l'œuvre, le chef-d'œuvre, le maître-d'œuvre, le compagnonnage) était alors prépondérant. Le mot travail est venu avec la société industrielle: travailler, c'est travailler dans les fabriques.
Le terme dérive du latin Tripalium, instrument de torture où l'on accrochait les animaux pour les saigner. Le terme garde encore cette imprégnation de pénibilité : on dit « un problème me travaille », c'est-à-dire me tourmente; on dit aussi une « femme en travail », une femme qui enfante dans les douleurs.
Freud a déjà parlé du travail libre et du travail lié en montrant que le travail libre ne concernait que cinq pour cent des gens, et que le travail lié à l'obligation de produire occupait tous les autres. Friedmann a parlé du travail en miettes. Quoi qu'il en soit du sens que peut prendre ce terme (il peut naturellement aussi être très positif s'il ouvre sur une créativité ou des solidarités vitales), il est vrai qu'il y a actuellement, malgré la pression due au chômage, une interrogation touchant au travail en tant que source d'épanouissement de l'individu. Cela bien sûr ne vaut encore que pour nos sociétés, disons occidentales au sens large.
..."
"...jusqu'aux XVIIème et XVIIIème siècles, le problème restait avant tout celui de la survie: se nourrir, se vêtir, s'abriter, se soigner, assurer le minimum restait la préoccupation de l'immense majorité des gens. Mais aujourd'hui, dans le cadre de notre société industrielle hyper-productiviste, apparaît la question au rapport au travail. C'est une notion qui jadis ne se discutait même pas.
Aujourd'hui, on commence à prendre conscience que le propre de l'homme c'est l'activité et non le travail. Le mot travail n'a été employé en France qu'à partir du XVIIe siècle. Auparavant on disait labourer ou œuvrer. Labourer parce que la France était un pays agricole, œuvrer puisque l'artisanat (l'œuvre, le chef-d'œuvre, le maître-d'œuvre, le compagnonnage) était alors prépondérant. Le mot travail est venu avec la société industrielle: travailler, c'est travailler dans les fabriques.
Le terme dérive du latin Tripalium, instrument de torture où l'on accrochait les animaux pour les saigner. Le terme garde encore cette imprégnation de pénibilité : on dit « un problème me travaille », c'est-à-dire me tourmente; on dit aussi une « femme en travail », une femme qui enfante dans les douleurs.
Freud a déjà parlé du travail libre et du travail lié en montrant que le travail libre ne concernait que cinq pour cent des gens, et que le travail lié à l'obligation de produire occupait tous les autres. Friedmann a parlé du travail en miettes. Quoi qu'il en soit du sens que peut prendre ce terme (il peut naturellement aussi être très positif s'il ouvre sur une créativité ou des solidarités vitales), il est vrai qu'il y a actuellement, malgré la pression due au chômage, une interrogation touchant au travail en tant que source d'épanouissement de l'individu. Cela bien sûr ne vaut encore que pour nos sociétés, disons occidentales au sens large.
..."
Philippe Séguin, après l'éloge, l'heure de la critique objective ?
Emotif, social, et perclu de contradictions, Philippe Séguin n'a pas laissé indifférent. Après le flot d'éloges post-mortem instrumentalisées par son camp, est-il temps désormais de porter un regard un peu plus lucide ?
Vilipendé par la droite extrème, comme tout modéré en son camp, voila à mon avis le bilan qu'on peut en faire :
A porter à son crédit, son indépendance d'esprit (non feinte ou tactique ?), qui l'a conduit à prendre des positions courageuses :
- La défense de l'école laïque, du bouclier social, héritage gaulliste de l'esprit du conseil de la résistance,
- Son indépendance quand la cour des comptes critique les frasques de notre fantoche à l'Elysée
- Son raillonnement à l'internationnal, au BIT et pour les cours des comptes du monde et de l'ONU,- Ardent défenseur du métissage et de l'enrichissement mutuel des peuples, ainsi que d'une modernité des moeurs (le PACS),
Au débit :
- Son souverainisme étroit, même si utile comme contre-pouvoir d'une Europe bureaucratique et libérale (cf. son discours pour Maastricht),
- Ses amitiés troubles avec des para-mafieux (Pasqua, le SAC, et d'autres)
- Ses trahisons, (mais est-ce finalement un crime en politique ? tout dépend la fréquence et la manière ?)
On retiendra de lui sa fibre sociale, et son dévouement de travailleur acharné pour la République.
dimanche 28 février 2010
Livre : "Ce n'est rien qu'un Président qui nous fait perdre du temps" !
Pourquoi faut-il que notre démocratie place les meilleurs candidats au pouvoir, et pas les meilleurs gouvernants ? (Chirac plutot que Balladur, Sarkozy plutot que Jospin !) et des Bonapartistes (Villepin, Sarkozy) ou des légitimistes (Mitterand ?) plutot que des Orléanistes ! ;-)
Pas dangereux Sarkozy ? pas autant que certains le craignent, mais suffisamment pour faire gravement regresser socialement et démocratiquement le pays ! à l'heure du taux de suicide record, de l'échec scolaire, du chomage massif, des discriminations écartant une partie des forces vives de la nation, etc..., c'est inadmissible ! Reveillez-vous !
Vivement un régime parlementaire, et un président du 21ème siècle, intégre, humble, lucide et indépendant.
A ce propos, voici un livre réjoissant, qu'on aurait pu écrire :
Résumé
A mi-mandat, l'éditorialiste politique de France Inter fait un bilan de la présidence de N. Sarkozy et dénonce les réformes stoppées dans l'embouteillage législatif n'aboutissant qu'à des mesures vidées de leur substance. Il en conclut que le président de droite, libéral pas très convaincu, pragmatique et opportuniste, ne peut pas accomplir la modernisation nécessaire à la vie politique française.
Quatrième de couverture
Ce n'est rien Qu'un président Qui nous fait perdre du temps Alors si ce n'est rien, pourquoi en parle-t-on autant ? Les commentateurs de la vie politique se trouvent dans la situation de leurs confrères commentateurs sportifs devant un match de foot au cours duquel le joueur vedette de l'équipe de France monopoliserait le ballon pour s'épuiser en figures incroyables. Il faudrait s'extasier, applaudir la dextérité de l'artiste, la précision du jongleur ou bien dénoncer la frime, le jeu perso et l'accaparement. Puis constater à la mi-temps qu'il n'y a toujours pas de but marqué. Rien. À mi-mandat, on attend la grande réforme. Au-delà d'une parole effrénée empreinte de volontarisme, on cherche la rupture, la modernité, la gouvernance modeste et transparente. Que sont devenus les marqueurs idéologiques du sarkozysme, le « travailler plus pour gagner plus » (impraticable), la « discrimination positive » (abandonnée), la « laïcité positive » (oubliée), la « reforme de la Françafrique » (même pas essayée), l'« immigration choisie » (infaisable), la « politique de civilisation » (disparue), le « Grand Paris » (une ligne de métro) ? Ce n'est rien, Nicolas Sarkozy ne représente donc pas un danger pour la République. Il n'est qu'un Président banalement de droite, un pragmatique opportuniste dont le ton péremptoire n'a d'égal que sa capacité au revirement. Une perte de temps pour la modernisation de la vie politique française. Un Jacques Chirac en sueur, le dernier Président du XXe siècle.
ProfessionPolitique.info :
22/02/2010
Thomas Legrand
Ce n’est rien qu’un président qui nous fait perdre du temps
Le sarkozysme (avec un "y" et pas un "i") "n’est pas une idée, c’est une ambition." Une méthode efficace pour accéder au pouvoir, nettement moins pour gouverner. Contre ceux qui estiment que Nicolas Sarkozy en fait trop et trop vite, c’est la thèse que défend brillamment l’éditorialiste politique de France Inter. Au bout de deux ans et demi de mandat, l’action du Président se résume surtout à des tentatives avortées (le "plan Marshall" pour les banlieues), à des revirements (instaurer une "discrimination positive") ou à des réformes a minima (la loi sur les régimes spéciaux de retraites).
L’erreur de Nicolas Sarkozy, dit Thomas Legrand, est qu’il "surestime toujours le pouvoir de sa propre parole", pensant par exemple qu’il lui suffit de proclamer que les paradis fiscaux n’existent plus pour que ce soit vrai. La confrontation à la réalité est parfois douloureuse, comme en matière de sécurité : "la violence ne baisse pas, le président ne change pas de politique (…), il fait convoquer les préfets pour leur tenir un discours. Il leur remonte les bretelles ! Tout le monde comprendra que passer un savon à un préfet sans lui donner l’ordre de changer de méthode ou sans lui donner de moyens supplémentaires ne changera rien !"
Le volontarisme affiché ne serait qu’un écran de fumée, tout comme la politique d’ouverture pratiquée par un Président "banalement de droite" qui, malgré ses méthodes modernes de communication, "excelle dans la réforme des attributs classiques de la droite colbertiste, de la droite interventionniste (…), digne successeur de Jacques Chirac".
Un immobilisme et une absence de résultats concrets – inversement proportionnels à l’agitation déployée – qui devraient aussi bien rassurer les antisarkozystes, trop prompts selon l’auteur à voir en Nicolas Sarkozy un danger pour la République, que décevoir ceux qui attendaient beaucoup des promesses de "rupture" du candidat de 2007. La relecture de la déclaration de son spot de campagne est là pour illustrer cruellement le décalage.
Stock, 160 pages, 12 euros.
Le Monde :
De quoi Sarkozy est-il le nom ? Au mieux, d'une ambition ; plus sûrement, d'une "banale aventure de droite", qui ne se distingue des précédentes que par "une agitation permanente et bien souvent stérile". Tel est le diagnostic du chroniqueur politique de France Inter, Thomas Legrand, dans un petit livre percutant et intelligent. Au fond, résume-t-il d'une formule destinée à rester, l'actuel résident de l'Elysée ne serait qu'un "Chirac en sueur".
La sueur est celle de ce décathlonien de la politique qui, depuis toujours et depuis trois ans plus encore, parle, discourt, commande et commente, apostrophe et fustige, annonce des réformes incessantes et invente "le mouvement perpétuel en guise d'action, ou plutôt l'action continue en guise de résultat". Comme s'il suffisait qu'il bouge pour que la France fasse de même. Comme s'il suffisait qu'il parle pour que les choses changent.
Or c'est bien le problème depuis le début du quinquennat, note le chroniqueur : la réalité résiste au discours présidentiel, si péremptoire soit-il. Et l'inventaire - non exaustif - est cruel des audaces qui ont fait "pschitt", comme aurait dit son prédécesseur. De la laïcité positive à la discrimination du même nom, de la fin de la Realpolitik à celle de la Françafrique, de la politique de civilisation au pragmatisme courageux qui s'avère un art de la "conciliation en douce", combien de discours n'ont tenu que le temps d'un slogan, au gré de la conjoncture et sans souci excessif de cohérence.
Bref, on est loin de la "rupture" annoncée. Et tout autant de la "dictature" redoutée par certains. "En guise de réforme d'avenir et de courage politique, nous vivons le retour d'une droite bonapartiste, colbertiste et centralisatrice, qui se donne des airs de XXIe siècle en communiquant avec les outils de notre époque", note Thomas Legrand.
Inutile donc de s'alarmer, lance-t-il, moqueur : le sarkozysme "n'est pas une maladie grave" ; ce n'est que la droite, banale au bout du compte, derrière la débauche d'énergie. Survitaminée aux sondages et autres enquêtes qualitatives, dont Nicolas Sarkozy fait une consommation inégalée, certes, comme le souligne l'auteur de façon détaillée. Mais toujours prisonnière de la vieille pompe républicaine et impuissante en réalité, hormis l'hyperactivité, à moderniser la pratique de la politique et à sortir des "monologues sécurisés" du pouvoir. "Un Chirac en sueur", donc.
--------------------------------------------------------------------------------
CE N'EST RIEN QU'UN PRÉSIDENT QUI NOUS FAIT PERDRE DU TEMPS de Thomas Legrand. Stock, 160 p., 12 €.
Gérard Courtois
Pas dangereux Sarkozy ? pas autant que certains le craignent, mais suffisamment pour faire gravement regresser socialement et démocratiquement le pays ! à l'heure du taux de suicide record, de l'échec scolaire, du chomage massif, des discriminations écartant une partie des forces vives de la nation, etc..., c'est inadmissible ! Reveillez-vous !
Vivement un régime parlementaire, et un président du 21ème siècle, intégre, humble, lucide et indépendant.
A ce propos, voici un livre réjoissant, qu'on aurait pu écrire :
Résumé
A mi-mandat, l'éditorialiste politique de France Inter fait un bilan de la présidence de N. Sarkozy et dénonce les réformes stoppées dans l'embouteillage législatif n'aboutissant qu'à des mesures vidées de leur substance. Il en conclut que le président de droite, libéral pas très convaincu, pragmatique et opportuniste, ne peut pas accomplir la modernisation nécessaire à la vie politique française.
Quatrième de couverture
Ce n'est rien Qu'un président Qui nous fait perdre du temps Alors si ce n'est rien, pourquoi en parle-t-on autant ? Les commentateurs de la vie politique se trouvent dans la situation de leurs confrères commentateurs sportifs devant un match de foot au cours duquel le joueur vedette de l'équipe de France monopoliserait le ballon pour s'épuiser en figures incroyables. Il faudrait s'extasier, applaudir la dextérité de l'artiste, la précision du jongleur ou bien dénoncer la frime, le jeu perso et l'accaparement. Puis constater à la mi-temps qu'il n'y a toujours pas de but marqué. Rien. À mi-mandat, on attend la grande réforme. Au-delà d'une parole effrénée empreinte de volontarisme, on cherche la rupture, la modernité, la gouvernance modeste et transparente. Que sont devenus les marqueurs idéologiques du sarkozysme, le « travailler plus pour gagner plus » (impraticable), la « discrimination positive » (abandonnée), la « laïcité positive » (oubliée), la « reforme de la Françafrique » (même pas essayée), l'« immigration choisie » (infaisable), la « politique de civilisation » (disparue), le « Grand Paris » (une ligne de métro) ? Ce n'est rien, Nicolas Sarkozy ne représente donc pas un danger pour la République. Il n'est qu'un Président banalement de droite, un pragmatique opportuniste dont le ton péremptoire n'a d'égal que sa capacité au revirement. Une perte de temps pour la modernisation de la vie politique française. Un Jacques Chirac en sueur, le dernier Président du XXe siècle.
ProfessionPolitique.info :
22/02/2010
Thomas Legrand
Ce n’est rien qu’un président qui nous fait perdre du temps
Le sarkozysme (avec un "y" et pas un "i") "n’est pas une idée, c’est une ambition." Une méthode efficace pour accéder au pouvoir, nettement moins pour gouverner. Contre ceux qui estiment que Nicolas Sarkozy en fait trop et trop vite, c’est la thèse que défend brillamment l’éditorialiste politique de France Inter. Au bout de deux ans et demi de mandat, l’action du Président se résume surtout à des tentatives avortées (le "plan Marshall" pour les banlieues), à des revirements (instaurer une "discrimination positive") ou à des réformes a minima (la loi sur les régimes spéciaux de retraites).
L’erreur de Nicolas Sarkozy, dit Thomas Legrand, est qu’il "surestime toujours le pouvoir de sa propre parole", pensant par exemple qu’il lui suffit de proclamer que les paradis fiscaux n’existent plus pour que ce soit vrai. La confrontation à la réalité est parfois douloureuse, comme en matière de sécurité : "la violence ne baisse pas, le président ne change pas de politique (…), il fait convoquer les préfets pour leur tenir un discours. Il leur remonte les bretelles ! Tout le monde comprendra que passer un savon à un préfet sans lui donner l’ordre de changer de méthode ou sans lui donner de moyens supplémentaires ne changera rien !"
Le volontarisme affiché ne serait qu’un écran de fumée, tout comme la politique d’ouverture pratiquée par un Président "banalement de droite" qui, malgré ses méthodes modernes de communication, "excelle dans la réforme des attributs classiques de la droite colbertiste, de la droite interventionniste (…), digne successeur de Jacques Chirac".
Un immobilisme et une absence de résultats concrets – inversement proportionnels à l’agitation déployée – qui devraient aussi bien rassurer les antisarkozystes, trop prompts selon l’auteur à voir en Nicolas Sarkozy un danger pour la République, que décevoir ceux qui attendaient beaucoup des promesses de "rupture" du candidat de 2007. La relecture de la déclaration de son spot de campagne est là pour illustrer cruellement le décalage.
Stock, 160 pages, 12 euros.
Le Monde :
De quoi Sarkozy est-il le nom ? Au mieux, d'une ambition ; plus sûrement, d'une "banale aventure de droite", qui ne se distingue des précédentes que par "une agitation permanente et bien souvent stérile". Tel est le diagnostic du chroniqueur politique de France Inter, Thomas Legrand, dans un petit livre percutant et intelligent. Au fond, résume-t-il d'une formule destinée à rester, l'actuel résident de l'Elysée ne serait qu'un "Chirac en sueur".
La sueur est celle de ce décathlonien de la politique qui, depuis toujours et depuis trois ans plus encore, parle, discourt, commande et commente, apostrophe et fustige, annonce des réformes incessantes et invente "le mouvement perpétuel en guise d'action, ou plutôt l'action continue en guise de résultat". Comme s'il suffisait qu'il bouge pour que la France fasse de même. Comme s'il suffisait qu'il parle pour que les choses changent.
Or c'est bien le problème depuis le début du quinquennat, note le chroniqueur : la réalité résiste au discours présidentiel, si péremptoire soit-il. Et l'inventaire - non exaustif - est cruel des audaces qui ont fait "pschitt", comme aurait dit son prédécesseur. De la laïcité positive à la discrimination du même nom, de la fin de la Realpolitik à celle de la Françafrique, de la politique de civilisation au pragmatisme courageux qui s'avère un art de la "conciliation en douce", combien de discours n'ont tenu que le temps d'un slogan, au gré de la conjoncture et sans souci excessif de cohérence.
Bref, on est loin de la "rupture" annoncée. Et tout autant de la "dictature" redoutée par certains. "En guise de réforme d'avenir et de courage politique, nous vivons le retour d'une droite bonapartiste, colbertiste et centralisatrice, qui se donne des airs de XXIe siècle en communiquant avec les outils de notre époque", note Thomas Legrand.
Inutile donc de s'alarmer, lance-t-il, moqueur : le sarkozysme "n'est pas une maladie grave" ; ce n'est que la droite, banale au bout du compte, derrière la débauche d'énergie. Survitaminée aux sondages et autres enquêtes qualitatives, dont Nicolas Sarkozy fait une consommation inégalée, certes, comme le souligne l'auteur de façon détaillée. Mais toujours prisonnière de la vieille pompe républicaine et impuissante en réalité, hormis l'hyperactivité, à moderniser la pratique de la politique et à sortir des "monologues sécurisés" du pouvoir. "Un Chirac en sueur", donc.
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CE N'EST RIEN QU'UN PRÉSIDENT QUI NOUS FAIT PERDRE DU TEMPS de Thomas Legrand. Stock, 160 p., 12 €.
Gérard Courtois
OSONS la réforme de l'ortaugrafe !
Urgence pour l'ascenceur social, limitation de l'élitisme, souffrance psychique de la jeunessse face à une grammaire complexe et des exceptions archaïques dans l'orthographe : modernisation de la France ? Que nenni !
Le conservatisme rêgne sur la langue ! Osons la réforme ! vite !
L'article de Libération : redonne espoir !
"Un discret cercle de réflexion, auquel contribuent d’éminents linguistes, tente de rationaliser l’orthographe du français. Un travail de Titan."
Rendez vous rue des Pyramides à Paris, 14 h 30, au siège de la la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (la DGLFLF) du ministère de la Culture . Montez au 4e, filez à gauche dans le couloir, happez une revue sur «l’intercompréhension entre locuteurs de langues apparentées» et une autre sur «l’illettrisme en France», ouvrez la porte du fond. Vous y êtes. Ils y sont. Onze hommes autour d’une table en U, de 27 à 83 ans. Présentations. Deux de la DGLFLF, spécialistes des langues de France, un linguiste de la commission nationale de toponymie, un tout jeune docteur en sciences du langage, trois enseignants (dont un Bruxellois), un militaire en retraite, un artiste-peintre licencié en lettres, un traducteur d’anglais dans un organisme onusien. Et au centre : Claude Gruaz, linguiste, directeur de recherche honoraire au CNRS. Un vétéran de la recherche sur l’orthographe du français, qui a dirigé, douze ans durant, l’unique laboratoire du CNRS dédié à ce thème.
C’est lui qui nous avait appelés après que s’étaient éteints les débats de rentrée sur les maltraitances de l’écriture. Le livre de François de Closets, Zéro faute, rendant grâce aux correcteurs informatiques, avait échauffé ce qui est selon l’écrivain «une passion française» pour l’orthographe. L’hiver venant, celle-ci s’était refroidie, mais pas partout. Pas chez les linguistes et «usagers de la langue» participant aux recherches du groupe «Etudes pour une rationalisation de l’orthographe française», collectif informel dont la réunion mensuelle est hébergée, cet après midi-là, par la DGLFLF. De ce discret cercle de réflexion fort de 28 membres et auquel contribuent d’éminents linguistes comme Micheline Sommant, auteure des dictées de Pivot et professeure à la Sorbonne, Michèle Lenoble-Pinson (université de Bruxelles) ou Annie Desnoyers (université de Montréal) est issue en octobre l’association Erofa, ouverte au plus grand public (1).
«Guillerète» et «zigounète»
«Pourquoi écrire "aquarelle"avec un e sans accent et deux l, mais "modèle" avec un e accentué et un seul l ? "Antenne" avec deux n, mais "arène" avec un seul n ? "Toilettage" avec deux t, mais "étage" avec un seul t ?» Bref, peut-on en finir avec cet arbitraire? C’est l’épineuse question à l’ordre du jour. Elle va engager deux heures de débats vifs. Le doublement de consonne après le e constitue l’une des grandes difficultés de l’orthographe, répondant à des règles compliquées assorties d’un régiment d’exceptions. Le collectif étudie une solution : opter systématiquement pour le e accentué. En vertu de quoi, 2 500 mots seraient modifiés, de «abérant» à «endéter», «guillerète» et «zigounète»… Déraisonnable ? Rationnel. «Comprenez bien, nous avait prévenu Claude Gruaz. Nous ne croyons pas au grand soir orthographique, à une réforme outrancière qui ferait hurler tout le monde et ne passerait jamais. Encore moins à un système phonographique, absurde ! Imaginez, on écrirait "porter", "portée", portées", "portai", "portait", "portaient" avec deux graphies : "porté" et "portè" ! Non, nous menons modestement des études pour voir s’il est possible de ra-tio-na-li-ser l’orthographe. C’est-à-dire renforcer, autant que possible, les régularités qui structurent l’écriture du français.» Un exemple ? «Le pluriel des noms s’écrit le plus souvent avec s. Mais parfois avec un x : "choux", "chevaux"… Il y a donc deux possibilités. Et bien, c’est une de trop !» Claude Gruaz a trouvé la métaphore : «L’orthographe du français est comparable au Paris d’avant 1850 : un ensemble de rues et d’impasses qui s’enchevêtrent et dans lesquelles on ne s’aventure jamais sans redouter un traquenard. Nous voulons remplacer ce dédale par de grandes avenues où l’on circulerait aisément.»
Jouer au baron Haussmann de l’orthographe suppose un travail d’orfèvre mené avec une prudence de chat tant les conservatismes sont grands, Claude Gruaz en est conscient. Il a passé sa vie à étudier la structure de l’orthographe française dans le laboratoire fondé par la grande historienne de l’orthographe, Nina Catach. A la retraite, il continue de ferrailler contre les pièges du français avec son réseau qui a le soutien de linguistes renommés comme Pierre Encrevé et André Chervel. Tous partagent une conviction, républicaine : la maîtrise de l’écrit est un levier de l’ascension sociale et celle de l’orthographe en est un rouage qui doit être accessible à tous. Or celle-ci chute en vrille depuis 1985, poursuivant une baisse amorcée un siècle auparavant, dans les années… 1880 (2). A cette époque, les disciplines enseignées sont diversifiées, réduisant de fait le temps dévolu à l’orthographe, ce qui répondait au vœu de modernisation de l’éducation exprimé par Jules Ferry. Le problème, c’est que l’écriture du français est restée l’une des plus difficiles au monde, et son apprentissage est bien trop chronophage.
Gruaz et ses compagnons ont de la peine «pour les pauvres gosses qui doivent apprendre tout cet embrouillamini», sans parler de l’obstacle que cette complexité représente pour les étrangers et le rayonnement de la francophonie. Ils s’agacent du conservatisme de ceux qui entretiennent l’idée d’une orthographe sacrée «patrimoine national»,irréformable, alors qu’elle l’a été maintes fois, avec plus ou moins de bonheur. Ainsi, en 1878, l’Académie a simplifié les mots d’origine grecque en décidant que dorénavant il n’y aurait pas plus de deux lettres grecques dans un mot ! «Rhythme» est devenu «rythme». Merci…
Démarche expérimentale
Que faire aujourd’hui, alors que les «rectifications orthographiques», inspirées par Nina Catach et votées par l’Académie en 1990, peinent à s’imposer? Peut-on imaginer plus ambitieux ? «Nous soutenons ces rectifications qui constituent une réelle avancée,dit Claude Gruaz, mais nous voulons aller plus loin. Elles touchent à beaucoup de problèmes - pluriel des noms composés et des nombres, accents circonflexes, etc. - qui concernent un faible nombre de mots, 2000 environ. Notre position est inverse. Nous étudions un à un des problèmes qui concernent de nombreux mots, et nous tentons de résoudre chacun d’eux en proposant une règle qui ne supporte pas d’exception et qui soit compréhensible par tous.» Comment ? «Par une démarche expérimentale. On analyse chaque problème sous plusieurs angles : histoire, place dans le système orthographique contemporain, usage. On émet des hypothèses sur la façon de le régler, on les expérimente en les testant sur le corpus informatisé du Robert et on valide la plus cohérente.»
Le collectif rationaliste s’est courageusement attaqué à deux problèmes majeurs dont les solutions ont fait l’objet de deux fascicules publiés l’an dernier (3). Le premier porte sur les mots finissant en x et propose de remplacer cette lettre par un s. De «bateaus» à «chevaus» et «radieus», 2 990 mots rejoindraient alors l’usage général, comme le font «landaus» et «pneus». L’histoire du x appuie cette suggestion. Au XIIe siècle, on disait «les chevals» en faisant sonner le l comme un u, ce qui a donné «chevaus». Mais, on a bientôt écrit la terminaison «us» avec un signe qui ressemblait au x: «chevaus» devient «chevax». Puis on a rétabli le u, mais sans supprimer le x : «chevax» devient «chevaux»... Ensuite, par analogie, le x s’est collé à certains mots terminés par u ou i- «chaux», «houx», «généreux»,«prix», «choix».
Le second problème que s’est coltiné le petit cercle, c’est le doublement aléatoire de la consonne dans les féminins et les mots dérivés d’un autre mot. «Partisan» donne «partisane» avec un n, mais «paysan» donne «paysanne» avec deux n… «Le doublement de consonnes a diverses origines, explique Claude Gruaz. L’une d’elle tient à l’histoire : jusqu’au XVIe siècle, on prononçait "bon/ne". Pour transcrire cette prononciation, l’usage s’est imposé de doubler le n. Puis la diction a changé. On dit aujourd’hui "bo/ne", mais le double n est resté. Du moins dans certains dérivés puisqu’on écrit jardin et jardinet.»
Dans son livret consacré à la question, le collectif a proposé de supprimer ces doublements de consonnes, ce qui revient à écrire «rationel». Procédant avec une prudence méticuleuse, le petit cercle avait laissé à un examen ultérieur le cas de figure particulier des mots, nombreux, où le doublement de consonnes est précédé d’un e. Enlever un t à «cadette», par exemple, impose d’ajouter un accent sur le e, et de procéder à deux modifications. Justifié? Historiquement, sans nul doute : nombre de consonnes doubles après le e sont dues au fait que les premiers imprimeurs n’avaient pas d’accents dans leurs casses pour restituer le son é ou è… Après concertation, le groupe s’était accordé pour supprimer, là aussi, le doublement de consonnes. L’objet de cette réunion hivernale, rue des Pyramides, est d’en examiner l’impact dans ses ultimes détails.
«Un accent plat »
Supprimer une consonne et mettre un e accent, oui, mais lequel ? Grave ou aigu ? «Là vous allez avoir un débat, la prononciation n’est pas unifiée en France»,dit avec un fort accent du sud, l’ex-militaire Jean-Claude Anizan. Le linguiste Ange Bizet, barbe imposante et puits de savoir, observe que l’accentuation des voyelles diffère selon les générations et les régions : «Les anciens distinguent "âge" et "bache", "pâtes" et "pattes". En Picardie, on dit "rose" avec un o ouvert.»«Et si on remplaçait les accents par un accent unique, horizontal, comme le proposait Nina Catach ?»suggère Camille Martinez qui vient de finir sa thèse sur les variations des orthographes dans les dictionnaires contemporains. Un vent de révolution menace. «Un accent plat ? On n’en est pas là», conclut prudemment Claude Gruaz. Michel Alessio, de la DGLFLF, spécialiste des langues de France, opine.
La nuit est tombée, la séance est levée. Une règle a finalement été établie et envoyée aux partenaires belges, québécois et suisses avant la publication d’un nouveau fascicule à paraître ce mois-ci,. Et après ? «Les chercheurs proposent, les usagers disposent, dit Claude Gruaz. Il n’est pas déraisonnable de penser qu’ils prendront conscience que l’orthographe française pourrait être plus rationnelle, et donc à la portée d’un plus grand nombre d’écrivants.» En attendant, il se réjouit du courrier adressé à son groupe de travail par l’Académie française qui, saluant la création de l’association, note que les travaux d’Erofa «lui sont de la plus grande utilité pour nourrir sa réflexion». De la part de l’institution qui veille aux destinées de la langue française, c’est le frémissement d’une reconnaissance.
(1) Etudes pour une rationalisation de l’orthographe française aujourd’hui. http://erofa.free.fr (2) Selon une enquête de Manès et Cogis (2007). Lire aussi l’Orthographe en crise à l’école par André Chervel, Ed.Retz, 2008. (3) Les consonnes doubles, féminins et dérivés et le X final, Ed.Lambert-Lucas, Limoges, 2009.
Le conservatisme rêgne sur la langue ! Osons la réforme ! vite !
L'article de Libération : redonne espoir !
"Un discret cercle de réflexion, auquel contribuent d’éminents linguistes, tente de rationaliser l’orthographe du français. Un travail de Titan."
Rendez vous rue des Pyramides à Paris, 14 h 30, au siège de la la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (la DGLFLF) du ministère de la Culture . Montez au 4e, filez à gauche dans le couloir, happez une revue sur «l’intercompréhension entre locuteurs de langues apparentées» et une autre sur «l’illettrisme en France», ouvrez la porte du fond. Vous y êtes. Ils y sont. Onze hommes autour d’une table en U, de 27 à 83 ans. Présentations. Deux de la DGLFLF, spécialistes des langues de France, un linguiste de la commission nationale de toponymie, un tout jeune docteur en sciences du langage, trois enseignants (dont un Bruxellois), un militaire en retraite, un artiste-peintre licencié en lettres, un traducteur d’anglais dans un organisme onusien. Et au centre : Claude Gruaz, linguiste, directeur de recherche honoraire au CNRS. Un vétéran de la recherche sur l’orthographe du français, qui a dirigé, douze ans durant, l’unique laboratoire du CNRS dédié à ce thème.
C’est lui qui nous avait appelés après que s’étaient éteints les débats de rentrée sur les maltraitances de l’écriture. Le livre de François de Closets, Zéro faute, rendant grâce aux correcteurs informatiques, avait échauffé ce qui est selon l’écrivain «une passion française» pour l’orthographe. L’hiver venant, celle-ci s’était refroidie, mais pas partout. Pas chez les linguistes et «usagers de la langue» participant aux recherches du groupe «Etudes pour une rationalisation de l’orthographe française», collectif informel dont la réunion mensuelle est hébergée, cet après midi-là, par la DGLFLF. De ce discret cercle de réflexion fort de 28 membres et auquel contribuent d’éminents linguistes comme Micheline Sommant, auteure des dictées de Pivot et professeure à la Sorbonne, Michèle Lenoble-Pinson (université de Bruxelles) ou Annie Desnoyers (université de Montréal) est issue en octobre l’association Erofa, ouverte au plus grand public (1).
«Guillerète» et «zigounète»
«Pourquoi écrire "aquarelle"avec un e sans accent et deux l, mais "modèle" avec un e accentué et un seul l ? "Antenne" avec deux n, mais "arène" avec un seul n ? "Toilettage" avec deux t, mais "étage" avec un seul t ?» Bref, peut-on en finir avec cet arbitraire? C’est l’épineuse question à l’ordre du jour. Elle va engager deux heures de débats vifs. Le doublement de consonne après le e constitue l’une des grandes difficultés de l’orthographe, répondant à des règles compliquées assorties d’un régiment d’exceptions. Le collectif étudie une solution : opter systématiquement pour le e accentué. En vertu de quoi, 2 500 mots seraient modifiés, de «abérant» à «endéter», «guillerète» et «zigounète»… Déraisonnable ? Rationnel. «Comprenez bien, nous avait prévenu Claude Gruaz. Nous ne croyons pas au grand soir orthographique, à une réforme outrancière qui ferait hurler tout le monde et ne passerait jamais. Encore moins à un système phonographique, absurde ! Imaginez, on écrirait "porter", "portée", portées", "portai", "portait", "portaient" avec deux graphies : "porté" et "portè" ! Non, nous menons modestement des études pour voir s’il est possible de ra-tio-na-li-ser l’orthographe. C’est-à-dire renforcer, autant que possible, les régularités qui structurent l’écriture du français.» Un exemple ? «Le pluriel des noms s’écrit le plus souvent avec s. Mais parfois avec un x : "choux", "chevaux"… Il y a donc deux possibilités. Et bien, c’est une de trop !» Claude Gruaz a trouvé la métaphore : «L’orthographe du français est comparable au Paris d’avant 1850 : un ensemble de rues et d’impasses qui s’enchevêtrent et dans lesquelles on ne s’aventure jamais sans redouter un traquenard. Nous voulons remplacer ce dédale par de grandes avenues où l’on circulerait aisément.»
Jouer au baron Haussmann de l’orthographe suppose un travail d’orfèvre mené avec une prudence de chat tant les conservatismes sont grands, Claude Gruaz en est conscient. Il a passé sa vie à étudier la structure de l’orthographe française dans le laboratoire fondé par la grande historienne de l’orthographe, Nina Catach. A la retraite, il continue de ferrailler contre les pièges du français avec son réseau qui a le soutien de linguistes renommés comme Pierre Encrevé et André Chervel. Tous partagent une conviction, républicaine : la maîtrise de l’écrit est un levier de l’ascension sociale et celle de l’orthographe en est un rouage qui doit être accessible à tous. Or celle-ci chute en vrille depuis 1985, poursuivant une baisse amorcée un siècle auparavant, dans les années… 1880 (2). A cette époque, les disciplines enseignées sont diversifiées, réduisant de fait le temps dévolu à l’orthographe, ce qui répondait au vœu de modernisation de l’éducation exprimé par Jules Ferry. Le problème, c’est que l’écriture du français est restée l’une des plus difficiles au monde, et son apprentissage est bien trop chronophage.
Gruaz et ses compagnons ont de la peine «pour les pauvres gosses qui doivent apprendre tout cet embrouillamini», sans parler de l’obstacle que cette complexité représente pour les étrangers et le rayonnement de la francophonie. Ils s’agacent du conservatisme de ceux qui entretiennent l’idée d’une orthographe sacrée «patrimoine national»,irréformable, alors qu’elle l’a été maintes fois, avec plus ou moins de bonheur. Ainsi, en 1878, l’Académie a simplifié les mots d’origine grecque en décidant que dorénavant il n’y aurait pas plus de deux lettres grecques dans un mot ! «Rhythme» est devenu «rythme». Merci…
Démarche expérimentale
Que faire aujourd’hui, alors que les «rectifications orthographiques», inspirées par Nina Catach et votées par l’Académie en 1990, peinent à s’imposer? Peut-on imaginer plus ambitieux ? «Nous soutenons ces rectifications qui constituent une réelle avancée,dit Claude Gruaz, mais nous voulons aller plus loin. Elles touchent à beaucoup de problèmes - pluriel des noms composés et des nombres, accents circonflexes, etc. - qui concernent un faible nombre de mots, 2000 environ. Notre position est inverse. Nous étudions un à un des problèmes qui concernent de nombreux mots, et nous tentons de résoudre chacun d’eux en proposant une règle qui ne supporte pas d’exception et qui soit compréhensible par tous.» Comment ? «Par une démarche expérimentale. On analyse chaque problème sous plusieurs angles : histoire, place dans le système orthographique contemporain, usage. On émet des hypothèses sur la façon de le régler, on les expérimente en les testant sur le corpus informatisé du Robert et on valide la plus cohérente.»
Le collectif rationaliste s’est courageusement attaqué à deux problèmes majeurs dont les solutions ont fait l’objet de deux fascicules publiés l’an dernier (3). Le premier porte sur les mots finissant en x et propose de remplacer cette lettre par un s. De «bateaus» à «chevaus» et «radieus», 2 990 mots rejoindraient alors l’usage général, comme le font «landaus» et «pneus». L’histoire du x appuie cette suggestion. Au XIIe siècle, on disait «les chevals» en faisant sonner le l comme un u, ce qui a donné «chevaus». Mais, on a bientôt écrit la terminaison «us» avec un signe qui ressemblait au x: «chevaus» devient «chevax». Puis on a rétabli le u, mais sans supprimer le x : «chevax» devient «chevaux»... Ensuite, par analogie, le x s’est collé à certains mots terminés par u ou i- «chaux», «houx», «généreux»,«prix», «choix».
Le second problème que s’est coltiné le petit cercle, c’est le doublement aléatoire de la consonne dans les féminins et les mots dérivés d’un autre mot. «Partisan» donne «partisane» avec un n, mais «paysan» donne «paysanne» avec deux n… «Le doublement de consonnes a diverses origines, explique Claude Gruaz. L’une d’elle tient à l’histoire : jusqu’au XVIe siècle, on prononçait "bon/ne". Pour transcrire cette prononciation, l’usage s’est imposé de doubler le n. Puis la diction a changé. On dit aujourd’hui "bo/ne", mais le double n est resté. Du moins dans certains dérivés puisqu’on écrit jardin et jardinet.»
Dans son livret consacré à la question, le collectif a proposé de supprimer ces doublements de consonnes, ce qui revient à écrire «rationel». Procédant avec une prudence méticuleuse, le petit cercle avait laissé à un examen ultérieur le cas de figure particulier des mots, nombreux, où le doublement de consonnes est précédé d’un e. Enlever un t à «cadette», par exemple, impose d’ajouter un accent sur le e, et de procéder à deux modifications. Justifié? Historiquement, sans nul doute : nombre de consonnes doubles après le e sont dues au fait que les premiers imprimeurs n’avaient pas d’accents dans leurs casses pour restituer le son é ou è… Après concertation, le groupe s’était accordé pour supprimer, là aussi, le doublement de consonnes. L’objet de cette réunion hivernale, rue des Pyramides, est d’en examiner l’impact dans ses ultimes détails.
«Un accent plat »
Supprimer une consonne et mettre un e accent, oui, mais lequel ? Grave ou aigu ? «Là vous allez avoir un débat, la prononciation n’est pas unifiée en France»,dit avec un fort accent du sud, l’ex-militaire Jean-Claude Anizan. Le linguiste Ange Bizet, barbe imposante et puits de savoir, observe que l’accentuation des voyelles diffère selon les générations et les régions : «Les anciens distinguent "âge" et "bache", "pâtes" et "pattes". En Picardie, on dit "rose" avec un o ouvert.»«Et si on remplaçait les accents par un accent unique, horizontal, comme le proposait Nina Catach ?»suggère Camille Martinez qui vient de finir sa thèse sur les variations des orthographes dans les dictionnaires contemporains. Un vent de révolution menace. «Un accent plat ? On n’en est pas là», conclut prudemment Claude Gruaz. Michel Alessio, de la DGLFLF, spécialiste des langues de France, opine.
La nuit est tombée, la séance est levée. Une règle a finalement été établie et envoyée aux partenaires belges, québécois et suisses avant la publication d’un nouveau fascicule à paraître ce mois-ci,. Et après ? «Les chercheurs proposent, les usagers disposent, dit Claude Gruaz. Il n’est pas déraisonnable de penser qu’ils prendront conscience que l’orthographe française pourrait être plus rationnelle, et donc à la portée d’un plus grand nombre d’écrivants.» En attendant, il se réjouit du courrier adressé à son groupe de travail par l’Académie française qui, saluant la création de l’association, note que les travaux d’Erofa «lui sont de la plus grande utilité pour nourrir sa réflexion». De la part de l’institution qui veille aux destinées de la langue française, c’est le frémissement d’une reconnaissance.
(1) Etudes pour une rationalisation de l’orthographe française aujourd’hui. http://erofa.free.fr (2) Selon une enquête de Manès et Cogis (2007). Lire aussi l’Orthographe en crise à l’école par André Chervel, Ed.Retz, 2008. (3) Les consonnes doubles, féminins et dérivés et le X final, Ed.Lambert-Lucas, Limoges, 2009.
dimanche 17 janvier 2010
L'urgence de refonder un Islam éclairé, à l'instar du Christianisme et du Judaïsme modernes.
Après avoir rappelé que les occidentaux ont largement encouragé les fanatiques religieux à compromettre le panarabisme grandissant... on peut souhaiter, dans le cadre des preceptes laïcs, que l'Islam trouve une place plus pacifique au sein des pays musulmans, à l'instar des autres religions. Education des peuples et courage des élites en seront la clé.
La majorité des peuples est pacifique. Les freins sont-ils politiques ?
"Manifeste Pour Un Islam Des Lumières - 27 Propositions Pour Réformer L'islam"
de Malek Chebel
Résumé :
Associer l'islam aux Lumières peut paraître ambitieux et téméraire. Il n'en est rien. Cette relation est inscrite dans la dynamique amorcée au XIXe siècle et poursuivie par les nombreux réformistes qui ont voulu changer le visage de cette religion en s'appuyant sur le travail de la raison. Ces penseurs ont été taxés d'hérésie. Aujourd'hui, le débat est plus que jamais d'actualité : l'islam est-il compatible avec la République ? Quelle est la place et le statut de la parole libre, de la laïcité, de l'égalité des sexes, de la tolérance ou de la démocratie ? Faut-il adapter l'islam à la modernité ou au contraire adapter la modernité à l'islam, ainsi que le prétendent les fondamentalistes ? En vingt-sept propositions, Malek Chebel répond à ces interrogations sans masquer les contradictions de l'islam ni éluder les questions difficiles. Interprétation des textes, guerre sainte et fetwa, statut de la femme, corruption, châtiments corporels, crime d'honneur et assassinat politique, démocratie, liberté d'expression et de conscience... tels sont quelques-uns des thèmes qu'aborde l'auteur de ce manifeste appelé à devenir la charte d'un islam nouveau. Malek Chebel se fait ici le théoricien de l' autre islam , un islam fondé sur le réel, dynamique et moderne, tolérant et positif, mais surtout capable de s'insérer dans le monde d'aujourd'hui et de demain.
A propos de l'auteur :
Malek Chebel, anthropologue, est l'un des meilleurs connaisseurs du monde arabe et de l'islam. Il a notamment publié le Dictionnaire des symboles musulmans (Albin Michel, 2003), Psychanalyse des Mille et Une Nuits (Payot, 2002), Le Sujet en Islam (Seuil, 2002) et le Dictionnaire amoureux de l'Islam (Plon, 2004).
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Interview de Abdelwahab Meddeb : Libérons l'Islam
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MODERNISER L'ISLAM, UN ENJEU POUR LA DIASPORA
Par Salman RUSHDIE
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Annexe : Interview d'un chiite modéré, favorable à un état laïque.
Et pour conclure, notre Regis Debray qui commente cette problématique.
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Veilleur.Blog.lemonde.fr :
Le Dr Tahir Al-Qadri (photo), érudit soufiste et influent spécialiste de la loi islamique, est sur le point de publier à Londres une fatwa contre le terrorisme et les attentats-suicides, rapporte aujourd’hui la BBC.
Les 600 pages de son avis juridique discréditent l’idéologie violente de l’organisation terroriste Al-Qaïda, décrite comme un « vieux démon avec un nouveau nom » qui n’a pas été suffisamment combattu. Dans sa fatwa, le Dr Qadri souligne que l’Islam interdit le massacre de citoyens innocents et les attentats-suicides.
De nombreux érudits ont émis des jugements similaires par le passé, mais le document imposant du Dr Qadri semble aller bien plus loin. A l’aide d’arguments théologiques, il démonte point par point la rhétorique utilisée par les recruteurs d’Al-Qaïda, s’opposant notamment aux promesses faites aux kamikazes à propos des récompenses accordées après la mort.
D’origine pakistanaise, âgé de 59 ans, le Dr Qadri a élaboré son texte l’an dernier en réponse au nombre croissant d’attentats à travers le Pakistan. Son organisation, Minhaj ul-Quran International, se chargera de défendre le document au Royaume-Uni, où elle compte quelque 5.000 membres.
Ancien ministre et collaborateur de la Premier ministre assassinée Benazir Bhutto, le Dr Qadri parcourt le monde pour promouvoir ces idées lors de conférences. Il avait été un des premiers leaders musulmans à condamner les attentats du 11 septembre 2001. Il s’est dit poussé à rédiger cette fatwa contre le terrorisme en constatant la radicalisation des musulmans britanniques sur les campus et le silence complice de nombre de leurs leaders. « Cette fatwa sème le doute dans l’esprit des kamikazes potentiels », a estimé Shahid Mursaleen, porte-parole britannique de Minhaj-ul-Quran. « Les groupes extrémistes basés en Grande-Bretagne recrutent les jeunes en leur faisant un lavage de cerveau, en leur garantissant “avec certitude” qu’ils seront récompensés dans l’au-delà. La fatwa du Dr Qadri enlève ce facteur-clé de leur esprit », a-t-il expliqué.
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