dimanche 15 novembre 2009

René Girard, ou comprendre la violence

Guerre ou anorexie, René Girard perce à jour la mécanique passionnante de la violence, et du mimétisme.


A l'heure du désaroi face à l'anorexie, volonté mimétique de toute puissance / violence sur soit même,

à l'heure de la dissuasion nucléaire, folie pathologique de toute-puissance / violence sur les autres,

il convient de comprendre les sous bassement de la violence pour mieux la désamorcer.


1) Clausewitz et la guerre d'abord :


"Son livre inachevé, qui ressemble à un unique grand chapitre, définit les rapports des deux "partenaires" dans une guerre. Il introduit ainsi une rupture radicale dans la conception des rapports humains : la violence, dans ces rapports, n’appartient pas à tel ou tel individu mais elle se situe entre les individus.

Lesquels individus passent leur vie à échanger, l’échange jouant un rôle essentiel dans les rapports humains. Mais cet échange ne se fait pas de manière mécanique, comme des boules de billard, il exige une interprétation de la part de l’un et de l’autre, et l’interprétation de chacun est différente.

Et souvent, se glissent entre eux des malentendus. Il en va de même au niveau des états : l’échange exige toujours une diplomatie pour surmonter ces malentendus."



2) L'anorexie mentale ensuite,


"Pourquoi l'anorexie frappe-t-elle certaines femmes plus que d'autres ? Les individus sont plus ou moins rivalitaires, il n'en va pas autrement dans le cas de la minceur que dans d'autres domaines.


Les femmes anorexiques veulent être championnes de leur catégorie. C'est pareil dans le monde de la finance. La différence, c'est que le désir d'être plus riche que les autres n'apparaît pas comme pathologique. Par contre, le désir d'être plus mince, s'il est poussé à l'extrême, a des effets funestes visibles sur le plan physique. Mais une fois qu'une fille est anorexique, cela signifie qu'elle a choisi ce domaine de concurrence, et il est difficile d'abandonner avant la victoire, ce serait renoncer au championnat.

Le résultat final est tragique dans les cas extrêmes, mais cela ne doit pas nous faire perdre de vue le fait que l'obsession de la minceur caractérise toute notre culture, ce n'est nullement quelque chose qui distingue ces jeunes filles. L'impératif qui pousse ces femmes à se laisser mourir de faim vient de toute la société. C'est un impératif unanime. De ce point de vue, donc, c'est organisé comme un sacrifice.

Et le fait qu'il soit inconscient montre, de manière assez effrayante, qu'il y a une espèce de retour à l'archaïsme dans notre monde. "
 
 
 
Plus de détail sur Deux clés scandaleuses offertes par René Girard

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Triste constat anorexique:

http://ysengrimus.wordpress.com/2009/12/01/charte-quebecoise-pour-une-image-corporelle-saine-et-diversifiee/

Simple (et minimale) réplique.
Paul Laurendeau